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HSBC : au centre d’une vaste entreprise criminelle à l’échelle mondiale

2 mars 2015

Les révélations qui ont refait surface il y a une dizaine de jours à propos des activités parfaitement illégales de HSBC, la banque fondée pour financer le trafic de l’opium, ont braqué les projecteurs sur un autre donneur d’alerte, Stéphanie Gibaud, l’ancien chef de Protocole chez UBS France. Dans diverses interviews, elle affirme que « des centaines de banques » font exactement ce pour quoi HSBC a été prise la main dans le sac, à savoir la création de milliers de comptes non enregistrés pour permettre aux clients en question de ne pas payer des impôts dans leur pays respectif. Sans parler du blanchiment de l’argent de la drogue, de la vente intentionnelle de titres toxiques et de la manipulation des taux d’intérêt.

Il ne s’agit pas d’activités marginales, c’est l’objectif même des grandes banques. Tout le système financier transatlantique est devenu une industrie criminelle, et il devient urgent de fermer complètement le casino, à commencer par Wall Street et la City.

Ces révélations concernant HSBC ont provoqué un « orage politique au Royaume-Uni », selon la BBC. En effet, bien que le fisc britannique (HMRC) ait eu connaissance depuis 2010 des combines d’évasion fiscale de la banque, sur 1100 noms de détenteurs de comptes illégaux, seul un a été poursuivi en justice. En outre, au moment où le PDG de la banque Stephen Green allait être nommé ministre du Commerce en 2010, le HMRC n’a pas informé le gouvernement des délits potentiels de HSBC.

Aux Etats-Unis aussi, la personne qu’a choisie Barack Obama pour devenir ministre de la Justice, Loretta Lynch, est celle qui a négocié avec HSBC une amende minime pour le blanchiment de l’argent du cartel mexicain de la drogue en 2012, et le report de toute poursuite.

Toujours selon Stéphanie Gibaud, le groupe des nations des BRICS et leurs alliés, sont aussi des cibles importantes des grandes banques. Avec le donneur d’alerte de HSBC Hervé Falciani, elle collabore avec les autorités indiennes en vue d’exposer les activités criminelles des deux banques en Inde. De même, ils aident le fisc argentin (AFIP) dans son enquête.

Dans une entrevue en décembre avec la chaîne de New Delhi NDTV, Gibaud expliquait que suite au krach de 2008, les banques se sont tournées vers les pays des BRICS et d’autres pays émergents.

L’Argentine a riposté avec des descentes dans les bureaux de HSBC, des amendes pour blanchiment d’argent sale et la demande de rapatriement des fonds illégalement déposés à l’étranger.

En Suisse l’enquête sur HSBC recoupe la bataille pour le Glass-Steagall

La justice suisse enquête et perquisitionne à Genève. Des procureurs suisses ont effectué le 18 février une descente au siège de HSBC à Genève, sur des allégations de « blanchiment d’argent aggravé ». L’enquête pourrait déboucher sur une inculpation de responsables de la banque, ainsi que de l’institution en tant que telle, pour contrôle déficient.

Cette enquête de Genève a permis de braquer les projecteurs sur les institutions qui ont protégé HSBC dans le passé. Ces institutions, telle l’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA), se sont opposées à l’initiative du Parlement suisse en faveur de la séparation bancaire.

La FINMA a mené ces dernières années trois enquêtes sur les activités de blanchiment d’argent de HSBC, mais sans résultat. L’ancien procureur Dick Marty a déclaré dans un entretien avec Le Courrier et La Liberté que la FINMA est incapable de « voir un éléphant qui passe devant elle » lorsqu’il s’agit d’une « énorme fraude », mais n’en laisse passer aucune petite. Une commission du Conseil des États a demandé une réunion avec la FINMA pour clarifier la situation.

La FINMA a été la première en Europe à introduire le système de renflouement interne (bail-in). Dans le Neue Züricher Zeitung du 4 mai 2013, les deux auteurs du texte législatif sur le bail-in expliquaient que celui-ci permettrait, entre autres, d’empêcher la séparation des activités bancaires. L’un d’eux, Mark Branson, un sujet britannique, est aujourd’hui directeur de la FINMA, après avoir fait partie du « groupe d’experts » ayant rédigé le rapport contre la séparation bancaire, remis au gouvernement fédéral.

Le parlement suisse
En septembre 2013, adoption de trois motions pour couper les banques en deux.

S’appuyant sur ce rapport le gouvernement a publié sa réponse à la motion appelant à la séparation des banques, adoptée il y a deux ans au parlement par la majorité socialiste-Parti populaire. Comme prévu, la réponse, publiée sous forme d’un bref communiqué le 18 février, est qu’« un changement du modèle de réglementation n’est pas… nécessaire. » Le PPS et le PS ont tous deux critiqué la réponse du gouvernement, le secrétaire-général du premier, Martin Baltisser, déclarant que la « pression politique doit être maintenue ».

Les projecteurs sont également braqués sur le procureur général suisse Michael Lauber, qui aurait dû ouvrir une enquête immédiatement après les révélations. Mais il a prétendu n’avoir pas pu le faire du fait que les données de HSBC avaient été obtenues de manière illégale. Les procureurs de Genève n’ont pas accepté cette excuse. L’attitude de Lauber s’explique probablement par le fait qu’il est en réalité au service de « l’industrie financière » ; après avoir dirigé l’Unité du renseignement financier du Liechtenstein, il a ensuite été directeur de l’Association bancaire (2004-2010) puis président de l’Autorité de surveillance des marchés (2010-2011) de la Principauté. Lauber fut le premier haut responsable suisse à ne pas devoir se soumettre à une enquête de sécurité au moment de sa nomination.


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