« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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13 novembre 2015
La crise des réfugiés, qui est en réalité une migration de masse, devrait immédiatement faire capoter l’agenda néolibéral de « réformes » et d’austérité de Bruxelles, baptisé par euphémisme « Pacte de stabilité » ou le « zéro noir » du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Ces programmes ont ravagé les économies nationales.
Prenons l’exemple de la Grèce, où quelque 600 000 réfugiés sont arrivés depuis le début de l’année, dont 300 000 par l’île de Lesbos. Alors que la Grèce a dépensé environ 1,5 milliard d’euros pour les accueillir, l’UE n’en a consacré que 8 millions ! Et cela, au moment où les créanciers du pays exigent que le budget soit coupé de plusieurs milliards, que les habitants soient expulsés de leur domicile faute de pouvoir payer leurs hypothèques, et que les impôts soient augmentés. En outre, environ 500 000 Grecs ont quitté le pays à la recherche d’un emploi ailleurs.
Dans un discours au parlement grec, le 29 octobre, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré « Sur les côtes de la mer Egée, s’échouent non seulement les corps d’enfants, mais aussi la culture de l’UE ». Dans la première d’une série de déclarations très critiques de la politique de Bruxelles, il a dit « avoir honte de l’incapacité de l’Europe à faire face efficacement à ce drame », ajoutant que « les larmes versées aujourd’hui sont hypocrites ». Il a précisé à juste titre que la guerre civile en Syrie est le résultat d’« intérêts géopolitiques » de « l’Occident et de l’Union Européenne ».
Le 4 novembre, Martin Schulz, le président du Parlement européen, s’est rendu en Grèce pour participer au transfert de 30 réfugiés au Luxembourg (un chiffre véritablement ridicule pour le 2ième pays au monde en termes de PIB par tête) Un transfert que Tsipras a traité de simple « goutte d’eau dans l’océan » qui doit devenir « un ruisseau » et puis « un fleuve d’humanité, » pour préserver les valeurs européennes.
Tsipras a d’ailleurs été très direct : « Nous devons considérer des questions qui se situent au-delà de ce barbarisme économique, et qui relèvent du domaine de l’éthique. Au moment où les résidents des îles ouvrent leurs bras aux vagues de réfugiés, le gouvernement est obligé d’augmenter le taux de la TVA dans les îles », sur ordre de Bruxelles.
Les mois passés ont été très difficile pour les Grecs, a-t-il dit, mais ils sont fiers de sauver « l’honneur de l’Europe » à travers leur solidarité.