« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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29 mars 2017
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble était visiblement déçu des résultats de la rencontre des 17 et 18 mars à Baden-Baden avec ses homologues du G20. Il a reconnu, « nous nous sommes retrouvés dans une impasse » et soulignant la divergence de points de vue, il a ajouté : Certains pays doivent encore développer un sens du mode de fonctionnement de la coopération internationale.
Certains pays doivent encore développer un sens du mode de fonctionnement de la coopération internationale.
En revanche, pour le nouveau secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin : Nous ne pourrions être plus heureux du résultat.
Nous ne pourrions être plus heureux du résultat.
(Précisons qu’on ne sait toujours pas clairement quelle influence lui et les autres anciens dirigeants de Goldman Sachs peuvent exercer sur l’administration Trump.)
Au final, vu l’opposition américaine, la formule traditionnelle rejetant « toute forme de protectionnisme » et défendant le « libre-échange » a été supprimée du communiqué final, dans un revirement de la politique mondialiste dominée par Wall Street et Londres depuis 1971. En fin de compte, il s’agit de l’opposition entre le système libre-échangiste britannique et le « système américain d’économie politique », comme le désignait à l’époque le conseiller du président Abraham Lincoln, Henry Carey. Donald Trump lui-même, dans son discours devant le Congrès, avait fait référence à la politique économique de Lincoln.
Ce système américain remonte au premier Secrétaire au Trésor Alexander Hamilton, auteur du concept de banque nationale, de crédit public, de développement de manufactures et de droits de douane protecteurs qui permit de donner à l’Amérique sa première assise industrielle. Il fut élaboré au XIXe siècle par les économistes Friedrich List et Henry Carey, pour être adopté plus tard dans des pays européens. C’est à ce modèle que le président américain Franklin Roosevelt eut recours pendant la grande dépression.
Un tel système, reposant sur le progrès scientifique et technologique, est parfaitement compatible avec l’esprit de la politique chinoise de « Une Ceinture, une Route », privilégiant les investissements dans l’infrastructure et l’innovation. Cette convergence devrait s’imposer lors des entretiens entre la Chine et les Etats-Unis, à condition que cette coopération ne soit pas sabotée – peut-être par certains éléments au sein même de l’administration Trump.
Entre-temps, l’Union européenne tente de monter Beijing contre Washington sur la question du libre-échange, et en même temps, elle torpille le nouveau paradigme représenté par la politique de la Chine.
En effet, la Chambre de Commerce de l’UE en Chine a récemment publié un rapport critiquant le plan de Beijing appelé China Manufacturing 2025, qui appelle à accroître massivement la production nationale dans des secteurs clés comme le transport, la robotique et l’énergie. Contrairement à l’UE et aux Etats-Unis, affirment les auteurs, la Chine peut influencer son marché intérieur en accordant des subventions publiques favorisant certaines entreprises, au lieu de laisser la « libre concurrence » décider de leur sort. Selon ce rapport, les sociétés européennes et américaines auraient alors du mal à concurrencer les entreprises chinoises subventionnées.
En réalité, ce n’est pas le « protectionnisme de Trump », mais l’Union européenne et le système dicté par la City de Londres qui menacent la coopération économique et la paix mondiale.