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15 juin 2017
Lors d’un forum sur l’opportunité de rétablir la loi Glass-Steagall organisé le 1er juin par l’American Enterprise Institute, les intervenants, la plupart issus du monde bancaire, s’accordaient pour dire que : 1) il n’y a aucune chance que le Congrès adopte une nouvelle loi Glass-Steagall, 2) son abrogation en 1999 ne fut pour rien dans le krach de 2008 et 3) le système bancaire américain est suffisamment stable sans cela. Lorsque Paul Gallagher, de l’Executive International Revue, est intervenu depuis la salle pour contester ces affirmations, notamment cette prétendue stabilité actuelle, la nervosité a visiblement augmenté, mais aucun des panélistes n’a réfuté ces arguments.
Si la loi Glass-Steagall n’a « aucune chance » de passer, on se demande bien pourquoi les lobbies bancaires consacrent tant d’argent et d’efforts à contrer toute tentative pour la rétablir.
Le raz-de-marée de la dette mondiale
Pour commencer, il est désormais reconnu, y compris parmi les grands noms de l’establishment financier, que le système financier fonce droit vers un krach plus grave que celui de 2008. Le Financial Times du 30 mai a emboîté le pas à son concurrent de Francfort, le Handelsblatt, en publiant un article signé par des experts des questions bancaires, qui voient se rapprocher un effondrement potentiellement déclenché par la bulle des dettes d’entreprises américaines impayables. L’article, signé par Dombisa Moyo et Gillian Tett, s’intitule : « Les méfaits de la dette mondiale atteignent l’ampleur d’un raz-de-marée. »
Le Parti républicain prêt à une régulation
La seconde raison est le soutien grandissant aux Etats-Unis en faveur du rétablissement d’une séparation bancaire, y compris de la part de députés républicains qui s’étaient jadis opposés à toute tentative de renforcer la régulation. Tel est le constat de Nomi Prins, une spécialiste du monde bancaire, suite à ses récentes entrevues au Capitole. Elle a confié à l’International Business Times son optimisme relatif de voir prévaloir le camp des défenseurs d’un nouveau Glass-Steagall. Si certains responsables comme le secrétaire au Trésor Steve Mnuchin n’ont aucune intention de couper les banques en deux, la base du Parti républicain se préoccupe de relancer l’économie, qui poursuit son déclin au niveau de l’industrie et de la production de richesses réelles.
Selon Prins, les questions posées par les élus républicains sont plus intéressantes qu’auparavant, car ils cherchent à comprendre pourquoi Donald Trump a voulu inclure la séparation bancaire dans le programme du Parti. Comme la grande majorité des signataires des propositions de loi déposées à la Chambre et au Sénat sont démocrates, Trump devrait bénéficier d’un soutien bipartisan s’il décide d’honorer sa promesse à cet égard.
Faisant écho aux articles du Handelsblatt et du Financial Times, Nomi Prins a affirmé que la bulle de la dette d’entreprises pose aujourd’hui le même danger que la bulle des subprimes en 2007-08, et que cette bulle est en passe d’éclater.