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Extrader Julien Assange et se poser en défenseur de la démocratie ...

3 mai 2022

La décision du Royaume-Uni d’extrader Julian Assange réduit à néant les prétentions occidentales en matière de « démocratie ». Elle met en lumière l’effondrement moral qui frappe un monde occidental ne se souciant même plus d’être cohérent et violant ses propres règles.

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Le cas de Julien Assange est décidément un marqueur essentiel de la tournure dictatoriale prise par le Royaume-uni et les Etats-Unis avec l’assentiment complice des autres pays occidentaux.

Bien que n’ayant, techniquement, rien à voir l’une avec l’autre, la décision prise le 20 avril dernier par un tribunal du Royaume-Uni d’autoriser l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis, où les procureurs l’attendent avec la ferme intention de le condamner à 175 ans de prison, prend une dimension encore plus sinistre avec l’annonce par le ministère de la Sécurité intérieure des Etats-Unis (The Department of Homeland Security) de la création d’un Conseil de gouvernance de la désinformation (Disinformation Governance Board). Cet organisme sera officiellement chargé de réfuter la « désinformation » en lien avec la sécurité intérieure, et plus spécifiquement l’émigration irrégulière et la Russie ...

Partout, les voix se sont élevées pour dénoncer la création de ce qui évoque le cauchemardesque ministère de la Peur imaginé par Graham Greene dans son célèbre roman, repris au cinéma par Fritz Lang, dans lequel l’intrigue met en scène une organisation de chantage mise en place par les nazis pour recruter des espions.

Ce développement est cohérent avec l’évolution que les droits de l’homme ont connu aux Etats-Unis et il est opportun de rappeler ici qu’avant l’affaire Assange, qui a fait le tour du monde, il y a eu l’affaire LaRouche. Ici, une presse aux ordres a décidé en parfaite connaissance de cause de faire le silence le plus complet sur un dissident politique jeté en prison au cours d’un procès que le célèbre Ramsey Clarck, ancien ministre américain de la Justice sous la présidence de Lyndon B. Johnson, avait qualifié de cas le plus patent d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.

Cette « tradition » d’écraser toute parole dissidente trouve donc une évolution logique avec la création de cette nouvelle agence comme avec la demande d’extradition de Julian Assange. Dans le pays de la liberté d’expression, pourtant défendue par la Constitution, la parole libre n’est pas la bienvenue lorsque qu’elle permet, comme ce fut le cas avec Julian Assange, d’exposer dans les Wikileaks, les crimes de guerre anglo-américains et les opérations sales en Irak.

En revanche, la parole est acceptée et même sollicitée lorsqu’elle émane de « dissidents » dans des pays désignés comme « inamicaux », surtout pour y dénoncer des violations vraies ou suggérées des droits de l’homme.

Comme le rapporteur de l’ONU l’a signalé à plusieurs reprises, Julian Assange est soumis à des tortures psychologiques depuis des années dans une prison britannique abjecte où on le laisse pratiquement mourir. Pour autant, la décision scandaleuse d’extradition a été à peine mentionnée dans les médias grand public.

Amère ironie de l’histoire, la veille de la décision d’extradition d’Assance, le département d’État américain avait publié son rapport annuel sur les droits de l’homme, qui dénonçait les violations des droits de l’homme dans tous les pays du monde, à l’exception des États-Unis, qui ne sont même pas mentionnés.

Un élément qui aidera à comprendre pourquoi, en définitive, l’ennemi n°1 pour les Anglo-Américains n’est ni la Russie, ni la Chine, mais la vérité.


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