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En Allemagne, une pétition contre l’envoi d’armes lourdes en Ukraine

6 mai 2022

Alors que le silence est de mise dans les pays occidentaux face à l’envoi d’armes lourdes en Ukraine, alimentant ainsi la dynamique vers un conflit plus long, plus sanglant et risquant de déraper vers une guerre nucléaire, des féministes allemandes ont lancé une pétition ayant déjà recueilli plus de 230 000 signatures.

En Allemagne, au moins 234 837 personnes ont signé à ce jour une pétition lancée le 29 avril par le magazine féminin Emma exigeant du chancelier allemand Olaf Scholz de ne pas fournir d’armes lourdes à l’Ukraine, en réaction au vote du Bundestag le 28 avril demandant au gouvernement d’accroître son aide militaire au régime de Kiev. La pétition, mise en ligne sur le site change.org, a d’abord été signée par une trentaine de personnalités culturelles et artistiques allemandes.

« Monsieur le Chancelier fédéral, »Nous saluons le fait que vous ayez jusqu’à présent pris en considération les risques : le risque de propagation de la guerre en Ukraine, le risque d’extension à toute l’Europe et même le risque d’une troisième guerre mondiale. Nous espérons donc que vous reviendrez à votre position initiale et que vous ne fournirez pas, directement ou indirectement, de nouvelles armes lourdes à l’Ukraine. Au contraire, nous vous demandons instamment de tout mettre en œuvre pour qu’un cessez-le-feu puisse être conclu le plus rapidement possible ; un compromis que les deux parties puissent accepter."
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« Nous partageons le jugement selon lequel l’agression russe constitue une violation de la norme fondamentale du droit international. Nous partageons également la conviction qu’il existe un devoir politique et moral de principe de ne pas reculer devant la violence agressive sans se défendre. Mais tout ce qui peut en être déduit a des limites dans d’autres préceptes de l’éthique politique. »Nous sommes convaincus que deux de ces limites ont été atteintes : premièrement, l’interdiction catégorique d’accepter un risque manifeste d’escalade de cette guerre vers un conflit nucléaire. La livraison de grandes quantités d’armes lourdes pourrait toutefois faire de l’Allemagne un belligérant. Et une riposte russe pourrait alors déclencher le cas d’assistance prévu par le traité de l’OTAN et donc le danger immédiat d’une guerre mondiale. La deuxième limite est le niveau de destruction et de souffrance humaine de la population civile ukrainienne. Même la résistance justifiée contre un agresseur devient à un moment donné insupportablement disproportionnée par rapport à cela.

« Nous mettons en garde contre une double erreur : d’une part, que la responsabilité du risque d’escalade vers un conflit nucléaire incombe uniquement à l’agresseur initial et non à ceux qui, les yeux fermés, lui fournissent un motif pour agir de manière éventuellement criminelle. Et d’autre part, que la décision sur la responsabilité morale du »coût« supplémentaire en vies humaines de la population civile ukrainienne relève exclusivement de la compétence de son gouvernement. Les normes morales contraignantes sont de nature universelle. »L’escalade de l’armement sous la pression pourrait être le début d’une spirale d’armement mondiale aux conséquences catastrophiques, notamment pour la santé mondiale et le changement climatique. Malgré toutes les différences, il convient d’aspirer à une paix mondiale. L’approche européenne de la diversité commune est un modèle à cet égard.

« Nous sommes convaincus, Monsieur le Chancelier, que le chef du gouvernement allemand peut contribuer de manière décisive à une solution qui tienne la route face au jugement de l’histoire. Non seulement au regard de notre puissance (économique) actuelle, mais aussi au regard de notre responsabilité historique - et dans l’espoir d’un avenir pacifique commun. »

Que l’on soit d’accord ou non sur tel ou tel point secondaire, il est particulièrement significatif que les signataires aient décidés de braver l’interdit relatif à une quelconque remise en cause de l’attitude occidentale qui pèse lourdement surtout en Allemagne, l’un des pays européen les plus proches des Etats-Unis et où se situe la base aérienne de Ramstein, centre névralgique sur le vieux continent des opérations militaires américaines.

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