« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
Accueil > Veille stratégique
Rapport de l’Organisation internationale du travail
23 décembre 2018
A force de laisser les salaires et les emplois constituer les variables d’ajustement comme moyen pour la féodalité financière de rafler la mise à son seul profit, on en arrive à une situation de grande instabilité sociale et politique. D’autant que la baisse des salaires dans les pays occidentaux s’est accompagnée d’une austérité brutale qui exclue une grande partie de la population. Le résultat, on le connaît avec la mobilisation des Gilets Jaunes.
Pour ceux qui resteraient imperméables à cette réalité, on ne peut que conseiller la lecture du Global Wage Report de l’Organisation international du Travail (le dernier Rapport global sur les salaires) qui fait autorité en la matière. A l’échelle internationale, l’augmentation des salaires en 2017 a été la plus faible depuis 2008, pour se situer à des niveaux bien inférieurs à ceux d’avant la grande crise financière. Toutefois, en Chine, le salaire horaire minimum nominal a presque doublé entre 2011 et 2018, et le salaire des travailleurs dans les entreprises d’Etat a augmenté encore plus rapidement.
Mais, dira-t-on, les salaires ont pourtant augmenté dans les économies du G20 ! Effectivement : de 0,4 % en 2017 (contre 1,7 % en 2015) et, aux Etats-Unis, de 0,7 % (contre 2,2 % en 2015). L’Europe, quand à elle, stagne et les quelques augmentations rachitiques d’ici ou là ont de toutes façons été annulées par le recul de l’activité économique en France, en Allemagne, en Espagne et en Italie.
La professeure d’économie Jayati Ghosh revient sur ces chiffres dans un article du South China Morning Post. Compte tenu de la relance de la production ces dernières années au niveau mondial, comment se fait-il que les conditions de vie des travailleurs ne se soient pas améliorées en conséquence ? Selon elle, l’obsession de la « consolidation fiscale et de l’austérité », de même qu’une réglementation plus avantageuse pour les grandes sociétés, ont eu pour effet de réduire les dépenses sociales qui permettaient l’amélioration du niveau de vie et l’augmentation des emplois. Bref, écrit la professeure Ghosh, « la mainmise intellectuelle du néolibéralisme sur la politique économique d’un grand nombre de pays pays a entraîné l’exclusion de la plupart des travailleurs des gains de la croissance économique ». Or, ceci n’a rien d’inévitable, conclut-elle, comme le montre le cas de la Chine.