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Draghi porte coup aux épargnants européens

17 mars 2016

De toute évidence, Mario Draghi veut que l’histoire se souvienne de lui comme dans le droit fil des tristement célèbres banquiers lombards qui plongèrent la finance européenne dans l’effondrement du XIVe siècle, ou encore des banquiers siennois qui inventèrent en 1630 les instruments dérivés et orchestrèrent la bulle des tulipes puis son éclatement. Ce qui expliquerait pourquoi aujourd’hui il mène, sans précédent, le système monétaire dans les eaux troubles des taux négatifs.

Les mesures du désespoir

En effet, le 10 mars dernier, dans une tentative désespérée de sauver la monnaie unique, le chef de la Banque centrale européenne a annoncé un nouveau paquet de mesures. Parmi les mesures prévues :

  • le taux directeur principal de la BCE passe de 0,05 % à zéro,
  • le taux de facilité de prêt marginal (pour l’emprunt de liquidités sur 24 heures) est réduit de 5 points de base pour se situer à 0,25 %,
  • encore une baisse du taux de dépôt des liquidités placées à la BCE qui passe de -0,3 % à -0,4 %,
  • l’assouplissement quantitatif, avec l’achat d’obligations par la BCE, augmentera de 20 milliards par mois pour se situer à 80 milliards, et les obligations d’entreprises seront acceptées pour la première fois
  • dans le cadre de nouvelles opérations de refinancement à long terme (TLTRO II), des prêts à quatre ans seront accordés aux banques, les taux pouvant être aussi bas que le taux de dépôt (soit -0,40%). Concrètement, cela veut dire que les banques rembourseront, au bout des quatre ans, moins d’argent qu’elles n’auront reçu !

L’objectif officiel de toutes ces mesures est de stopper la déflation et d’augmenter les crédits bancaires destinés à l’économie. Mais depuis un an déjà, l’assouplissement quantitatif, n’a pas produit le moindre effet positif dans ce sens. L’inflation dans la zone euro est à seulement 0,1 % et le crédit aux institutions non financières a même diminué de 0,7 % ! De plus, bien qu’en un an la BCE a acheté pour 713 milliards d’avoirs bancaires en euros, les banques n’ont pas investi d’argent dans l’économie réelle.

Les épargnants allemands

Ces nouvelles mesures donneront donc le coup de grâce aux épargnants européens. Dans la zone euro, 3300 milliards d’euros d’obligations ont déjà un rendement négatif. En Allemagne, le taux d’intérêt sur 80 % des obligations du gouvernement sont en-dessous de zéro pour un volume total, selon les données de Bloomberg, de 880 milliards d’euros. Le montant total des dépôts en Allemagne, comptes courants et comptes d’épargne confondus, représente un tiers du total de la zone euro, et ils ne rapportent pratiquement rien.

Cela a amené le Handelsblatt à qualifier les mesures de Draghi d’« attaque frontale contre les épargnants allemands ». Les réactions négatives en Allemagne sont telles que les observateurs à Londres commencent à sérieusement redouter un retour de flammes pouvant mener à la désintégration de l’euro.

Tout ceci montre, commentait Helga Zepp-LaRouche le 11 mars, la faillite totale du système financier. Et dans cette situation, précisa t’elle :

Il est inadmissible que les gouvernements permettent un jour de plus, qu’un tel système soit maintenu. L’économie casino des mégaspéculateurs doit être immédiatement fermée et remplacée par un système de séparation bancaire.

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