« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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20 décembre 2018
En cette fin d’année 2018, le monde transatlantique est en plein désarroi, notamment face au danger d’un krach financier bien pire que celui de 2008. Les protestations de masse en France ne sont que la dernière manifestation en date d’une révolte qui secoue l’ensemble du vieux continent contre le paradigme néolibéral, avec ses injustices sociales, son austérité meurtrière et sa géopolitique.
Le président Emmanuel Macron, qui rêvait d’exercer une « présidence jupitérienne », a rapidement été détrôné par une population excédée de le voir défendre les intérêts de « l’Olympe » contre les leurs. Même si le gouvernement a fini par faire quelques concessions, elles ont peu de chance de calmer la colère populaire. En outre, le fait que Bruxelles accepte l’accroissement du déficit pour la France mais pas pour les autres pays, ne fera qu’aggraver le mécontentent au sein de l’Union européenne.
Au Royaume-Uni, la situation est très instable, alors que le gouvernement de Theresa May se bat pour sa survie sur fond d’escarmouches avec l’Union européenne autour du Brexit. La grande interrogation concerne le sort de la City de Londres et de ses marchés de produits dérivés. Dans ce contexte, l’ancien Premier ministre Tony Blair, un fidèle serviteur du vieil empire britannique, crédité d’une popularité zéro dans son propre pays à cause de ses guerres illégales, s’est rendu à Bruxelles pour appeler à un second référendum sur la sortie de l’Union européenne, affichant ainsi son mépris du vote démocratique.
Sur le plan stratégique, celle-ci campe sur ses positions vis-à-vis de la Chine et de la Russie. Lors du sommet de l’UE du 13 décembre, devant la montée des tensions autour de l’Ukraine, les sanctions contre la Russie ont été renouvelées pour une période de six mois. En outre, après que la Chambre des représentants américaine eut adopté le 11 décembre une résolution contre le projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l’Europe de l’Ouest sous la mer Baltique, sous prétexte qu’il compromettrait la sécurité énergétique de l’Europe et porterait atteinte aux intérêts américains (à savoir leurs exportations de gaz naturel), le Parlement européen a organisé dès le lendemain un scrutin sur ce sujet, aboutissant à une large majorité en faveur de l’annulation du projet.
Que faire, donc, pour libérer l’Europe du joug de la géopolitique ? Comme l’Institut Schiller l’affirme depuis sa fondation, le test décisif de l’aptitude de l’Europe à survivre est son attitude envers l’Afrique. Aujourd’hui comme hier, sa mission historique est d’assurer le développement économique et social du continent noir. A ce titre, en refusant d’aborder les causes du problème, la récente conférence sur la migration à Marakech n’a été qu’une insupportable comédie.
A l’opposé, la Chine a déjà contribué sensiblement à transformer le continent dans le cadre de son Initiative une ceinture une route, en permettant un développement réel et, plus important encore, en ouvrant des perspectives positives pour le futur. Les dirigeants chinois, pour leur part, ne cessent de proposer aux pays européens la réalisation de projets conjoints en Afrique. Il est temps de se mobiliser pour que l’Europe ne rate pas le train et s’engage pleinement dans le nouveau paradigme.