« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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9 mai 2015
Un groupe de généraux et de diplomates à la retraite a rendu public le 30 avril un rapport sous l’égide de la Commission Global Zero, pour prévenir du danger imminent d’une guerre thermonucléaire et présenter des mesures préventives concrètes. Ces généraux, amiraux, ambassadeurs et ministres des Affaires étrangères à la retraite, viennent de nombreux pays : Etats-Unis, Russie, Chine, Inde, Japon, Corée du Sud, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie.
Le président de la Commission, le général Cartwright, ancien vice-président de l’État major américain, et le général Vladimir Dvorkin, ancien chef du renseignement de la Force de fusées stratégiques russe, avaient publié conjointement le 19 avril une tribune libre dans le New York Times, intitulée « Comment prévenir une guerre thermonucléaire », où il résument les conclusions de la Commission.
Cette tribune, ainsi que le rapport de 100 pages, appellent les Etats-Unis et la Russie à négocier de toute urgence l’abandon de la doctrine de « lancement-sur-alerte », en vertu de laquelle le lancement d’une riposte nucléaire se décide en l’espace de quelques minutes seulement après la première indication d’une première frappe nucléaire de l’adversaire. Plus généralement, ils estiment que la relation entre les Etats-Unis et la Russie s’est détériorée à tel point qu’une attaque accidentelle ou même qu’une cyber-attaque pourraient déclencher une guerre thermonucléaire à part entière.
Une situation de ce type pourrait se développer autour de la crise ukrainienne. Le commandant de l’OTAN, le général Philip Breedlove, vient de déclarer devant la Commission des services armés de la Chambre des représentants que la Russie renforçait son contrôle sur les « séparatistes » de Donestk et de Luhansk, qui se préparent à lancer une nouvelle offensive. Toutefois, Breedlove a dû reconnaître qu’il ne savait pas vraiment ce que prépare la Russie.
Entre-temps, le Président Porochenko continue à faire monter les enchères, alors que les fascistes et les russophobes augmentent leur emprise sur le régime de Kiev. Lors d’un entretien télévisé le 30 avril, il a promis que la guerre se poursuivrait jusqu’à ce que Kiev reprenne le contrôle du Donbass et de la Crimée, peu importe le temps qu’il faudra. Le même jour, les Quatre de Normandie (Merkel, Hollande, Poutine et Porochenko lui-même) s’étaient entretenus au téléphone de la meilleure manière de faire progresser le dialogue dans le cadre des Accords de Minsk 2.
La veille, en se référant aux cérémonies de commémoration de la victoire sur le fascisme et le nazisme en 1945 prévues le 9 mai, Porochenko avait déclaré que la seule « guerre patriotique » était celle de « 2014-2015 ».
Un autre foyer de crise se situe en Asie du Sud-Ouest. Suite à une purge récente en Arabie saoudite, la faction de la famille royale proche des extrémistes wahhabites, qui propage le salafisme et al Qaïda, a consolidé son emprise. Le roi Salman a réussi à se rapprocher de la Turquie et du Qatar, et a intensifié ses efforts pour renverser le gouvernement al-Assad à Damas.
Selon certains rapports, le président Obama pourrait tenter d’obtenir le soutien des Saoudiens pour un accord avec l’Iran, en échange d’un soutien américain aux efforts militaires saoudiens contre le Yémen et ailleurs.