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Dégradation de la dette de l’Eurozone, impossible avec un vrai Glass-Steagall !

18 janvier 2012




Comme prévu, l’agence Standard & Poors a abaissé le 13 janvier 2012 la note de neuf pays européens, dont la France et l’Autriche, qui ont perdu leur triple A. L’effet principal en est une baisse de la puissance de feu des deux fonds de renflouement de l’euro, le FESF et le MES.

Les gouvernements et bureaucrates ont riposté avec des mots durs pour les agences de notation, les accusant de nourrir des desseins « déstabilisateurs ». Certains ont brandi la menace d’actions politiques et juridiques. S’il est incontestablement absurde qu’une poignée d’agences puisse décider sur le plan international du risque d’une dette souveraine, les protestations resteront impuissantes tant que les solutions seront recherchées dans le cadre du système. Car c’est le système même qui se déstabilise.

Le fait que des agences de notation privées dominent les marchés financiers est le résultat de l’abolition des critères Glass-Steagall pour la séparation des banques. Depuis lors, les banques ont confié aux agences privées l’évaluation des risques, évaluation considérée comme indispensable pour pouvoir participer au casino global. Remplacer ces agences par des institutions officielles ne changera pas le problème. C’est seulement en ramenant l’évaluation des risques là où elle doit l’être, c’est-à-dire chez les investisseurs (banques) achetant la dette en question que le problème peut être contrôlé. Cela implique le rétablissement de systèmes régulés au niveau national.

En réalité, avec ou sans agences de notation, le système monétaire et financier de la zone euro est pris dans un engrenage irréversible. Pour commencer, la crise dite de la dette souveraine a été provoquée par les renflouements bancaires. En effet, les banques renflouées ont utilisé les fonds publics et de la BCE pour spéculer contre les titres des gouvernements, qui les ont renflouées à nouveau, et ainsi de suite.

La BCE, en offrant un cadeau de Noël de 500 milliards d’euros aux banques, a aggravé la tendance. L’idée du portage des titres, selon laquelle les banques utiliseraient cet argent pour acheter des obligations souveraines (surnommé « Sarko trade » du nom de son inventeur), a été soutenue par Mario Draghi lors de la conférence de presse de la BCE du 12 janvier, car les banques ont effectivement mis une certaine partie des fonds dans l’achat d’obligations italiennes et espagnoles, abaissant ainsi les taux de rémunération.

Toutefois, l’achat concernait uniquement des obligations à trois ans et à un an, soit les échéances couvertes par les prêts de la Banque centrale européenne. La rémunération sur celles à long terme (à 7 ou 10 ans) est restée élevée, à plus de 7 % en Italie.

Même le New York Times constate que la désintégration de l’Eurozone est inévitable en raison de l’effet combiné de la politique monétaire et des mesures d’austérité. « L’Allemagne devrait avoir compris que sans croissance, ses voisins à bout de souffle ne pourront jamais rembourser leurs dettes, écrivait le quotidien dans un éditorial du 14 janvier. Les problèmes en Europe sont à ce point hors contrôle que nul ne sait quel combinaison de politiques économiques marchera. Ce qui est certain, c’est qu’une obsession unilatérale avec l’austérité ne pourra qu’aggraver la crise. »

Se rendre compte que l’austérité est meurtrière est important, mais il est encore plus important de comprendre que la solution n’est pas la planche à billets, ni les Eurobonds ou autres instruments similaires. La solution, c’est une réforme de type Glass-Steagall pour annuler la dette du casino et lancer une politique d’investissements productifs dans le cadre d’un système de crédit national.


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