« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
Accueil > Notre action > Conférences > L’existence de l’humanité dépend de la création d’un nouveau paradigme > Les discours de la conférence
Visio-conférence internationale 25-26 avril 2020
Session 1
29 avril 2020
discours d’introduction d’Helga Zepp-LaRouche, fondatrice et présidente de l’Institut Schiller
.
L’espèce humaine est confrontée à une crise existentielle sans précédent, qui menace de coûter la vie à des millions de personnes à cause de la maladie et de la famine, de balayer de nombreuses institutions considérées jusqu’à présent comme acquises et de plonger une grande partie du monde dans un âge des ténèbres, y compris culturel. Elle peut aussi la conduire vers une guerre thermonucléaire pouvant anéantir l’humanité.
Cette crise est bien plus grave que celle du XIVe siècle, lorsque la peste noire décima un tiers de la population de l’Inde à l’Islande, car elle affecte le monde entier. Elle est plus grave que la Grande Dépression des années 1930, car elle peut potentiellement détruire davantage de substance économique. Et si la guerre éclate, elle sera plus meurtrière que les guerres mondiales du XXe siècle, car elle impliquerait probablement l’usage d’armes thermonucléaires.
Du fait de la mondialisation et de l’internationalisation de nombreux systèmes, depuis les armes nucléaires jusqu’à internet, toute la population mondiale est dans le même bateau. Contrairement à d’autres époques antérieures, où certaines parties du monde s’effondraient tandis que, dans le même temps, d’autres parties connaissaient leur apogée culturel, cette fois la destruction ne sera pas sélective.
Plus que jamais auparavant, le défi se pose pour nous, en tant que communauté, de définir de nouveaux principes pouvant garantir, à long terme, l’aptitude de notre espèce à survivre. C’est le but de cette conférence. Comment identifier les causes de cette crise et les éliminer ? Comment ouvrir, en dehors des conflits géopolitiques, de l’atmosphère d’agression et de méfiance qui règne et des constellations stratégiques actuelles, un nouveau chapitre de l’histoire universelle qui élève notre humanité au niveau de la Raison et la mette en accord avec son identité d’espèce créatrice ?
Pourquoi ai-je évoqué le danger d’une guerre nucléaire ? Parce que les accusations scandaleuses et malveillantes contre la Chine, portées par les services secrets britanniques du MI6 et MI5, et toute la propagande de la Henry Jackson Society de Londres, du Conseil de l’Atlantique et de divers autres nids d’agents d’influence, des deux côtés de l’Atlantique, l’accusant d’être responsable de la pandémie de COVID-19, parce qu’elle aurait trop tardé à informer le reste du monde ou parce qu’elle mènerait une guerre biologique contre l’Occident, ont pour but de fournir l’image d’un ennemi pouvant servir de cible à cette guerre. L’insolence avec laquelle la Henry Jackson Society, noyau dur des néoconservateurs libéraux et du parti de la guerre britannique, des deux côtés de l’Atlantique, réclame des milliards de dollars de compensation pour les pays du G7, ne peut être vue que comme une provocation destinée à préparer le terrain à un affrontement stratégique.
C’est la réaction hystérique mais désespérée d’un Empire qui se rend compte que tout est fini et que le monde ne reviendra plus jamais aux orientations stratégiques, qui s’effondrent déjà, d’un monde unipolaire avec son consensus de Washington et son ordre « basé sur les règles », qu’il avait réussi à maintenir, au moins en façade, avant l’apparition du COVID-19.
Le parti de la guerre s’est trompé dans ses calculs. Après l’effondrement de l’Union soviétique, il s’empressa de déclarer « la fin de l’histoire » et vécut dans l’illusion qu’en devenant membre de l’OMC, la Chine deviendrait, presque automatiquement, une démocratie libérale de style britannique, et que tous les autres pays seraient également transformés en démocraties à l’occidentale via des politiques de changement de régime, soit par le biais de révolutions de couleurs ou de guerres interventionnistes, y compris dans les pays islamiques.
La réalisation culturelle unique et historico-mondiale accomplie par la Chine, non seulement en sortant de l’extrême pauvreté 850 millions de ses propres citoyens, mais aussi en donnant pour la première fois aux pays en développement, grâce à la Nouvelle Route de la soie, la perspective de surmonter la politique coloniale (toujours pratiquée aujourd’hui par le FMI) et la pauvreté qu’elle répand, fut accueillie avec une horreur incrédule par les différents porte-paroles de l’Empire britannique.
Après avoir ignoré, pendant environ quatre ans, le plus grand programme d’infrastructures de l’histoire, les médias occidentaux ont soudain intensifié leurs attaques contre les « régimes autocratiques », Chine, Russie, etc. Ces mêmes médias s’étaient lancés, depuis 2015, dans une chasse aux sorcières contre Trump, de connivence avec la tentative de coup d’État montée par les services secrets britanniques contre lui.
Mais après la publication, en mars et avril, des chiffres montrant que la Chine avait réussi non seulement à freiner la pandémie plus efficacement, mais aussi à surmonter les conséquences économiques de la crise beaucoup plus facilement que les pays occidentaux, que la privatisation du secteur de la santé avait laissés dans un état d’impréparation total face à la pandémie, le ton envers la Chine s’est fait plus virulent. Déjà fragilisé, « l’ordre fondé sur les règles » des démocraties occidentales, le seul à avoir, selon elles, une légitimité démocratique, menace désormais de s’effondrer, tandis que Beijing poursuivrait une « stratégie de guerre sans restriction ». La réalité est que le système libéral de l’Empire britannique a échoué sur toute la ligne. Mais cela ne signifie pas que dans leur agonie, les forces qui lui sont alliées ne puissent pas, par exemple, déclencher une guerre mondiale.
Il est grand temps de rectifier les noms, comme disait Confucius. Si faut dresser la liste des coupables de la crise et des indemnisations dues en conséquence, alors ce doit être celle des effets de ce libéralisme britannique dont Winston Churchill fut le protagoniste, et le principal responsable, ayant fait éliminer du système de Bretton Woods, après la guerre, l’élément le plus important que Franklin D. Roosevelt avait prévu : un mécanisme de crédit pour vaincre le colonialisme et industrialiser le secteur en développement. A cause de cette lacune, le contrôle par l’Empire britannique sur ce qu’il est convenu d’appeler le tiers-monde s’est maintenu dans l’après-guerre. Cette situation se trouva encore aggravée après que le président Nixon eut mis fin au système de Bretton Woods en août 1971, entraînant les dérégulations successives des marchés financiers et la funeste délocalisation vers des pays à main-d’œuvre bon marché soumis aux conditionnalités du FMI. Le seul et unique but de toute cette politique était de maintenir le pillage colonial et d’empêcher le véritable développement de ces pays.
Comment, dans les pays dits avancés (et cette crise du coronavirus nous montre à quel point ils sont avancés…), pourrait-on supposer un seul instant que la pauvreté brutale en Afrique, en Amérique latine et dans certains pays d’Asie soit une fatalité, ou même que ces pays aient pu se l’infliger eux-mêmes ?
Si l’Occident avait fait au cours des 70 dernières années ce que la Chine a réalisé en Afrique depuis une bonne dizaine d’années, en y construisant chemins de fer, barrages, centrales électriques et parcs industriels, alors toute l’Afrique bénéficierait aujourd’hui du niveau de développement de la Corée du Sud, de Singapour ou mieux encore ! L’Afrique n’a pratiquement aucun système de santé, aucun réseau d’infrastructures, la moitié de la population n’a pas accès à l’eau potable ni à l’électricité, car l’Empire britannique les a en délibérément empêchés, par l’intermédiaire du FMI et de la Banque mondiale, et par l’entremise d’ONG comme le WWF, qui considèrent que la protection de telle ou telle espèce d’insectes est aussi importante que la vie de millions de personnes ! Si vous prenez en compte l’effet global de cette politique, vous atteindrez un chiffre de plusieurs millions de personnes dont la vie a été brisée par la famine et les maladies non soignées !
Contrairement au mythe selon lequel l’Empire britannique aurait cessé d’exister une bonne fois pour toutes avec l’indépendance des colonies et la cérémonie de passation de pouvoir de Hong Kong, le 30 juin 1997, il subsiste toujours sous la forme d’un contrôle néolibéral monétariste du système financier mondial, contrôle qui fut toujours la quintessence des empires.
Un autre exemple de pure propagande de l’Empire consiste à prétendre que les pays du tiers-monde ne veulent tout simplement pas se développer. La réalité est que même le concept des Décennies du développement des Nations unies a été de facto éliminé avec la fin des accords de Bretton Woods et remplacé par l’idée de réduction de la population, les croyances du Club de Rome sur les prétendues limites de la croissance, ainsi que par les notions misanthropiques d’individus comme John. D. Rockefeller III. La Conférence des Nations unies sur la population, tenue à Bucarest en 1974, ou le scandaleux rapport NSSM 200 d’Henry Kissinger publié la même année, n’étaient que des coquilles vides reprenant les affirmations maléfiques du pasteur Malthus, le scribouillard de la Compagnie britannique des Indes orientales, qui avait lui-même plagié l’économiste vénitien Giammaria Ortes.
Lyndon LaRouche commença à s’élever contre ce changement de paradigme en publiant, en 1973, une série d’études sur les effets de la politique du FMI, alertant sur le fait que la sous-alimentation croissante, l’affaiblissement du système immunitaire, le manque d’hygiène, etc., risquaient de provoquer l’émergence de pandémies mondiales. Après les milliers de discours et d’écrits de LaRouche, qui circulent depuis ces cinq dernières décennies sur les cinq continents, personne ne peut dire que la pandémie actuelle n’était pas prévisible ! D’autant plus que LaRouche a consacré toute sa vie à élaborer, entre autres, des programmes de développement qui auraient pu l’empêcher !
La cause fondamentale de l’échec du paradigme libéral sous-jacent à l’« ordre fondé sur des règles » transatlantique, et la raison pour laquelle ses élites s’avèrent totalement incapables de réfléchir aux causes de cet échec, sont liées aux axiomes et aux hypothèses, généralement acceptés, sur leur image de l’homme, ainsi qu’à leur conception politique et scientifique.
Après l’émergence, pendant la Renaissance italienne, des idées et de la forme que doit adopter un État consciemment engagé à favoriser les capacités créatrices d’une part croissante de sa population et le progrès scientifique comme source de richesse sociale, l’oligarchie féodale de l’époque, l’empire vénitien, lança sa contre-offensive. Son principal porte-parole, Paolo Sarpi, présenta sa doctrine, qui sera la source d’inspiration des Lumières et du libéralisme. Il s’agissait de contrôler le débat scientifique, de nier à l’homme la capacité de connaître et de découvrir de vrais principes universels, de juguler son potentiel prométhéen, au besoin par la force, et de réduire les gens au niveau de leur expérience sensorielle, élevant l’arriération de la « nature humaine » au rang de dogme.
De cette tradition naquit la tradition scientifique mécaniste de Galilée et d’Isaac Newton, la théorie des jeux et de l’information de John von Neumann et de Norbert Wiener, et plus récemment les algorithmes qui sous-tendent le commerce des produits dérivés dans l’économie-casino d’aujourd’hui. Le dogme empiriste et matérialiste et l’image décadente de l’homme colportés par Thomas Hobbes, Thomas Malthus, Jeremy Bentham, John Locke et John Stuart Mill restent à ce jour la base du libéralisme britannique, ce virus qui a contribué plus que toute autre chose à l’état actuel du monde.
La mentalité oligarchique de l’Empire britannique, qui dénie à tout homme (mais surtout ceux de couleur) l’étincelle divine de la créativité, s’exprime ouvertement dans de nombreux écrits et déclarations, pour peu que l’on se donne la peine de les lire.
Du souhait du prince Philip de se réincarner en virus mortel afin de contribuer à réduire la surpopulation de l’espèce humaine, à la perspective méprisable exprimée ainsi par Adam Smith dans sa Théorie des sentiments moraux de 1759 : « L’administration du grand système de l’univers, le soin du bonheur universel de tous les êtres rationnels et sensibles, est l’affaire de Dieu et non de l’homme. C’est un lot bien plus humble qui a été attribué à l’homme, mais un domaine bien plus adéquat à la faiblesse de ses pouvoirs et à l’étroitesse de sa compréhension : le soin de son propre bonheur, de celui de sa famille, de ses amis, de son pays. La nature nous a dirigés vers la plupart d’entre eux par des instincts originaux et immédiats. La faim, la soif, la passion qui unit les deux sexes, l’amour du plaisir et la crainte de la douleur, nous invitent à appliquer ces moyens pour leurs propres fins, et sans considération de leur tendance envers ces buts bénéfiques que le grand Directeur de la nature avait l’intention de produire par leur intermédiaire. »
Étant donné que ces attributs s’appliquent également aux animaux, il est donc également acceptable d’abattre périodiquement le troupeau, comme les Spartiates tuèrent les Hilotes quand ils trouvèrent qu’ils devenaient trop nombreux. Cette image misanthropique de l’homme est amplifiée par un racisme assumé, comme celui exprimé sans vergogne par Bertrand Russell dans The Prospects of Industrial Civilization (Les perspectives de la civilisation industrielle) :
« La population blanche du monde cessera bientôt de croître. Les races asiatiques mettront plus de temps, et les nègres encore plus, avant que leur taux de fécondité ne baisse suffisamment pour stabiliser leur nombre sans l’aide de la guerre et de la peste. (…) Les races moins prolifiques devront se défendre contre les plus prolifiques par des méthodes certes répugnantes, mais néanmoins nécessaires. »
C’est précisément cette idéologie raciste qui justifia le colonialisme, l’esclavage, les guerres de l’opium et, pour être honnête, c’est aussi la raison de l’indifférence monumentale manifestée par une grande partie de la population face à l’invasion de la peste acridienne en Afrique et dans certains pays asiatiques, provoquant des ravages qui auraient pu être évités et éliminés il y a deux mois pour un coût de seulement 75 millions de dollars.
Et ce soutien fondamental à l’eugénisme, chez les représentants de l’Empire, s’est trouvé encore confirmé par un chroniqueur du Daily Telegraph, Jeremy Warner, dans un article paru début mars :
« Sans trop entrer dans les détails, mais d’un point de vue économique totalement désintéressé, le COVID-19 pourrait même s’avérer légèrement bénéfique à long terme en éliminant de manière disproportionnée les personnes âgées à charge. »
Ce sont ces prémisses barbares du dogme libéral, même s’il n’est guère à la mode d’admettre leur existence dans les pays dits développés, qui conduisirent Lyndon LaRouche à affirmer, il y a des années, que les quatre pays les plus importants sur le plan économique et militaire dans le monde - les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde – devaient unir leurs efforts pour procéder à la réorganisation urgente de l’ordre mondial. Cette réorganisation doit cependant commencer par le rejet explicite et définitif de l’image de l’homme promue par ce dogme libéral et de ses implications politiques. Il faut mettre fin à l’Empire britannique sous toutes ses formes, et surtout à son contrôle sur le système financier.
Ces quatre nations, États-Unis, Chine, Russie et Inde, doivent convoquer de toute urgence une conférence en vue d’adopter un nouveau système de Bretton Woods qui réalise pleinement l’intention de Franklin Roosevelt de créer un système de crédit, permettant enfin d’industrialiser les pays en développement. La première étape devrait consister à instaurer un système de santé international, ayant pour but de doter chaque nation de cette planète d’un système de soins afin, tout d’abord, d’appliquer un programme d’urgence de lutte contre la pandémie de COVID-19, puis d’atteindre très rapidement les mêmes normes que celles définies par le Hill Burton Act aux États-Unis, ou que les systèmes de santé allemand et français, avant leur privatisation et leur mise aux normes des profits financiers entamés dans les années 1970. Comme l’a dit Roosevelt dans son discours sur l’état de l’Union en 1941, dans sa célèbre déclaration sur les « Quatre libertés » : « La troisième est la liberté de se libérer des besoins primaires - ce qui, traduit en termes mondiaux, signifie des accords économiques qui assurent à chaque nation une vie saine pour ses habitants en temps de paix, partout dans le monde. » Son épouse, Eleanor Roosevelt, se donna pour mission personnelle de veiller à ce que ces quatre libertés soient incorporées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies.
En 1984, Lyndon LaRouche présenta un « projet de protocole d’accord entre les États-Unis et l’URSS », définissant les principes et fondements de l’Initiative de défense stratégique (IDS) dont il était l’architecte, et qui fut adoptée comme politique officielle des États-Unis par le président Reagan le 23 mars 1983, avant d’être proposée à plusieurs reprises à l’Union soviétique, en vue de coopérer ensemble à un programme global de désarmement nucléaire. LaRouche y exprimait ses convictions sur quelques principes qui représentent un aspect absolument crucial de sa vie et de la mission que s’est donnée notre organisation. Dans le premier chapitre de ce document, dont les principes s’appliquent également à la coopération entre les quatre nations et tous les autres partenaires qui choisiraient de rejoindre ce nouveau partenariat, il déclare :
« Le fondement politique d’une paix durable doit être : a) la souveraineté inconditionnelle de chacun des États-nations, et b) la coopération entre les États-nations souverains en vue de promouvoir la possibilité illimitée de participer aux avantages du progrès technologique, au bénéfice mutuel de chacun. La caractéristique la plus cruciale de la mise en œuvre d’une telle politique de paix durable est un changement profond dans les relations monétaires, économiques et politiques entre les puissances dominantes et ces nations relativement subordonnées, souvent désignées comme ‘nations en développement’. À moins que les inégalités persistant au lendemain du colonialisme moderne ne soient progressivement corrigées, il ne peut y avoir de paix durable sur cette planète. Dans la mesure où les États-Unis et l’Union soviétique reconnaissent que le progrès des capacités productives du travail sur la planète est dans l’intérêt stratégique vital de chacun d’eux et de tous deux à la fois, les deux pouvoirs se trouvent ainsi liés à ce degré et de cette manière par un intérêt commun. Nous sommes là au cœur des politiques et des pratiques économiques indispensables à la promotion d’une paix durable entre ces deux puissances. »
Au regard de l’escalade de la campagne contre la Chine, lancée par les services secrets britanniques MI6 et MI5, ainsi que par des individus de l’entourage du président Trump (le secrétaire d’État Pompeo, le directeur de la politique commerciale et industrielle Peter Navarro, le sénateur Lindsay Graham et l’animateur de télévision Tucker Carlson), qui rivalisent d’heure en heure dans leurs accusations contre les prétendus méfaits de la Chine dans la crise du coronavirus, et alors que les démonstrations de force par les forces américaines et de l’OTAN ne semblent pouvoir se limiter qu’à cause du nombre d’infections au COVID-19 parmi leurs équipages, la question existentielle se pose de savoir comment le monde peut sortir de cette dangereuse escalade. Sommes-nous condamnés à revivre la situation où, lorsque la puissance dominante se trouve dépassée par la plus puissante après elle, cela conduit à la guerre, comme cela s’est déjà produit douze fois dans l’histoire ?
L’association entre la pandémie de coronavirus, les émeutes de la faim à travers le monde, la crise financière imminente et la dépression de l’économie réelle mondiale est si écrasante qu’il devrait être évident pour quiconque y réfléchit un peu, que l’humanité ne peut sortir de cette crise qu’en déployant et augmentant conjointement le potentiel économique des États-Unis et la Chine, soutenus par les autres pays industrialisés, afin de créer les capacités nécessaires pour assurer les soins médicaux, les infrastructures et la production industrielle et alimentaire. Il est dans l’intérêt existentiel de chaque individu et de chaque nation de travailler à cet objectif. Nous devons former un chœur mondial pour l’exiger !
Il n’y aura de conflit entre les États-Unis et la Chine que si ces forces, dans la tradition de la politique « de Conspiration ouverte » de HG Wells, au sein des deux partis politiques américains, l’emportent, c’est-à-dire si les États-Unis acceptent le modèle de l’Empire britannique comme base d’un ordre anglo-américain unipolaire de contrôle.
Cette vision de H.G Wells est celle portée par William Yandell Elliott, le mentor de Henry Kissinger, de Brzezinski, de Samuel Huntington, jusqu’aux néoconservateurs fondateurs du « Projet pour un nouveau siècle américain (PNAC) ». En revanche, si les États-Unis reviennent à leur véritable tradition, celle de leur Déclaration d’indépendance contre l’Empire britannique et du système d’économie politique américain d’Alexander Hamilton, alors on y constatera une grande affinité avec le modèle économique chinois qui s’inspire largement des principes de A. Hamilton, Friedrich List et Henry C. Carey. Le père de la Chine moderne, Sun Yat-sen, fut, lui aussi, très influencé par le système américain.
Lors de ce sommet d’urgence entre les États-Unis, la Chine, la Russie et l’Inde, et lors de la conférence de fondation du nouveau système de Bretton Woods, qui doit lui succéder immédiatement, les chefs d’État peuvent revenir à l’esprit de la conférence originale de Bretton Woods, au cours de laquelle le chef de la délégation chinoise, HH Kung, avait soumis la proposition de Sun Yat-sen en faveur d’une « Organisation internationale de développement ». Dans son discours à Bretton Woods, Kung, l’un des beaux-frères de Sun-Yat-sen, déclara :
« La Chine attend avec impatience une période de grand développement économique et d’expansion après la guerre. Cela comprend un programme d’industrialisation à grande échelle, en plus du développement et de la modernisation de l’agriculture. Je suis fermement convaincu qu’une Chine économiquement forte est une condition indispensable au maintien de la paix et à l’amélioration du bien-être du monde. Après la Première Guerre mondiale, le Dr Sun Yat-sen a proposé un plan pour ce qu’il appela le développement international de la Chine. Il a soutenu le principe de la coopération avec les nations amies et l’utilisation de capitaux étrangers pour développer les ressources chinoises. Les enseignements du Dr Sun constituèrent la base de la politique nationale de la Chine. J’espère que l’Amérique et d’autres Nations unies participeront activement au développement de la Chine après la guerre. »
Comme je l’ai dit, au cours des négociations, Roosevelt soutint l’internationalisation de cette politique de développement, considérant la hausse du niveau de vie dans le monde comme la clé de la stabilité mondiale. Et il vit comment y parvenir dans l’internationalisation du New Deal.
Les quatre principales nations du monde - États-Unis, Chine, Russie et Inde - doivent maintenant établir, dans le cadre d’un système de New Bretton Woods et avec toutes les nations souhaitant y adhérer, un nouveau paradigme de coopération internationale entre les nations, guidé par les objectifs communs de l’humanité. Le quatrième des « quatre principes » de Lyndon LaRouche définit la plateforme économique qualitativement plus élevée, le niveau supérieur de Raison (la « coïncidence des opposés » de Nicolas de Cues), par lequel les contradictions issues de l’affrontement géopolitique peuvent être surmontées.
La coopération internationale entre des scientifiques, exclusivement guidés par des principes physiques universels vérifiables, doit remplacer la primauté de la politique fondée sur l’idéologie et les intérêts. La recherche sur les « sciences de la vie », une meilleure compréhension des causes des caractéristiques de la vie et de son origine dans l’univers, sont la condition préalable à la lutte contre le coronavirus et toutes les autres infections virales, bactériennes et autres maladies potentielles. Dans le cadre du système de santé mondial, nous devons mettre en place des centres de recherche médicale collaboratifs à l’échelle internationale, où les jeunes scientifiques de tous les pays en développement seront également formés. La profonde expérience à tirer de cette pandémie de coronavirus est que la délivrance de soins de santé doit être un bien commun, et non pas servir à maximiser les profits d’intérêts privés. Les résultats de cette recherche doivent donc être immédiatement communiqués à toutes les universités, hôpitaux et personnels médicaux de toutes les nations.
Un autre domaine où la coopération internationale s’avère indispensable pour réaliser les objectifs communs de l’humanité, consiste à assurer la sécurité énergétique et l’approvisionnement en matières premières, qui seront rendus possibles grâce à la maîtrise de la fusion thermonucléaire et du processus de torche à plasma qui lui est associé. Le projet international ITER à Cadarache, dans le sud de la France (un réacteur de fusion nucléaire Tokamak et un projet de recherche international impliquant déjà la coopération de 34 pays), est un bon début, mais le financement d’ITER et d’autres modèles de fusion nucléaire doit être massivement accru. L’une des principales découvertes de LaRouche est le lien direct entre la densité de flux d’énergie utilisée dans le processus de production et le potentiel de densité démographique relative. La maîtrise de la fusion nucléaire est également impérative pour le vol spatial habité.
La recherche spatiale elle-même est le seul domaine qui serait impensable sans coopération internationale et qui, plus que toute autre branche de la science, démontre en positif ce que la pandémie démontre en négatif : que nous sommes en fait la seule espèce déterminée par son avenir et dont la survie à long terme dépend de son apprentissage pour mieux comprendre et maîtriser les lois de l’univers - y compris en étudiant les quelque deux mille milliards de galaxies dont le télescope Hubble a confirmé l’existence. La défense contre les astéroïdes, les météorites et les comètes n’est que l’un des nombreux éléments essentiels de cette politique. Pour les pays en développement, une participation illimitée à des projets de recherche, suivant le principe chinois de toujours chercher à progresser, en faisant des « sauts de grenouilles », des sauts qualitatifs vers les sciences et les technologies les plus avancées, est le meilleur moyen de créer les conditions permettant aux économies de donner à tous leurs citoyens de vivre heureux et en paix.
Nicolas de Cues écrivait déjà au XVe siècle que toutes les découvertes scientifiques devraient être immédiatement mises à la disposition des représentants de tous les pays, afin de ne pas retarder inutilement le développement de l’un d’entre eux. Il constatait également que la concordance dans le macrocosme n’est possible que lorsque tous les microcosmes se développent le mieux possible. Le nouveau paradigme que nous devons forger pour la coopération entre les nations doit partir de l’intérêt commun de toute l’humanité, vers la réalisation duquel toutes les nations et cultures, en contrepoint pour ainsi dire, comme dans une fugue, doivent être étroitement liées et s’élever à des stades supérieurs de développement de manière anti-entropique.
Sommes-nous, en tant que civilisation humaine, encore capables, à cette date tardive, d’éviter ce tsunami de pandémies, de famines, de crise financière, de dépression et le danger de guerre mondiale ?
Le monde a immédiatement besoin de ce sommet des quatre nations !
Si un tel sommet devait annoncer tous ces changements : création d’un nouveau système de Bretton Woods, mise en œuvre d’un projet de développement mondial sous la forme d’une « Nouvelle Route de la soie [qui] devient un pont terrestre mondial », système de santé international, programme accéléré dans la fusion nucléaire et les recherches connexes, mise à niveau massive de la coopération spatiale internationale, et surtout, un dialogue des cultures classiques de toutes les nations, en vue de déclencher une nouvelle renaissance similaire, mais encore plus belle que la grande Renaissance italienne, qui l’emporta sur les horreurs de l’âge des ténèbres du XIVe siècle, alors une nouvelle ère pourrait naître pour l’humanité !
Peut-on raisonnablement espérer pouvoir surmonter la profonde crise qui frappe l’humanité ?
Absolument ! Nous sommes la seule espèce créative connue jusqu’à présent dans l’univers, capable d’en découvrir sans cesse de nouveaux principes, ce qui illustre la concordance de notre activité mentale créative avec les lois de notre univers.
Un des éléments qui éclaire cette perspective optimiste concerne un des aspects de la recherche spatiale, à savoir le processus apparemment accéléré de vieillissement en apesanteur et le changement de ce processus en hypergravité. Une meilleure compréhension de cette « gérontologie spatiale » est évidemment cruciale pour l’avenir des voyages spatiaux habités vers Mars et dans l’espace interstellaire, et l’on peut d’ores et déjà prévoir qu’elle augmentera considérablement la capacité de l’homme à vivre plus longtemps et en bonne santé.
Si vous considérez que Schubert n’a vécu que 31 ans, Mozart 35, Dante 36, Schiller 45, Shakespeare 52 et Beethoven seulement 56, cela vous donne une idée de la contribution que les génies du futur, avec une espérance de vie de 120 ou 150 ans, pourront apporter au développement de l’humanité !
Mettons fin à l’empire britannique ! Pour un avenir vraiment humain pour l’humanité !