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De Russiagate en FBIgate : le « mémo Nunes » n’est que le début

3 février 2018

La divulgation le 2 février du mémorandum de la Commission sur le Renseignement du Congrès américain a été précédée et suivie d’un tonnerre de protestations des services de renseignement, des néolibéraux du Parti démocrate et des néoconservateurs du Parti républicain. Cette panique reflète implicitement leur crainte de voir surgir des révélations plus accablantes encore à l’avenir. Ce mémorandum de quatre pages, rédigé sous la direction du président de la Commission Devin Nunes, montre que le FBI a commis un délit en dénaturant les faits alors qu’il sollicitait auprès de la Cour FISA un mandat de surveillance à l’encontre d’un membre de l’équipe électorale de Donald Trump. L’affaire est très grave car la Cour de justice FISA, issue du Foreign Intelligence Surveillance Act (une loi datant de 1978), est celle chargée d’autoriser la surveillance d’espions étrangers sur le sol américain.

Le mémo de Nunes montre que de hauts responsables du FBI et du département de la Justice (DOJ) ont approuvé l’utilisation d’un document qu’ils savaient frauduleux afin d’obtenir l’autorisation d’espionner Carter Page, un citoyen américain qui avait été conseiller de la campagne de Trump. Il s’agit du dossier douteux rédigé par Christopher Steele, un ancien responsable du MI6, le service de renseignements extérieurs britannique. Toutefois, les responsables du FBI et du DOJ n’ont pas informé la Cour que ce dossier avait été financé en partie par la campagne d’Hillary Clinton, ni des largesses dont avait bénéficié Steele de la part du FBI pour produire un rapport contre Trump. Ils n’ont pas non plus précisé que le FBI avait mis fin à sa coopération avec Steele après que ce dernier a pris contact avec des journalistes pour tenter de faire passer son « dossier » dans les médias américains. Cela discrédite l’argument selon lequel le mémo de Nunes comportait des renseignements classés secrets qu’il ne fallait en aucun cas déclassifier !

Comme l’a mentionné Bill Binney, ancien directeur technique de la NSA devenu lanceur d’alerte, le FBI a utilisé, pour sa requête, une « propagande achetée » produite par une campagne pour « attaquer une autre campagne ». Le directeur adjoint de l’agence (aujourd’hui congédié), Andrew McCabe, a déclaré en décembre 2017 à la Commission du Renseignement que « sans les informations du dossier de Steele (...) aucun mandat de surveillance n’aurait été sollicité ». L’ancien directeur du FBI, James Comey, qui avait lui aussi approuvé la requête frauduleuse à la Cour, a déclaré lors d’une audition à la Chambre en juin 2017 que le dossier de Steele était « salace » et « non vérifié ».

Ce ne sont pas seulement les faits publiés dans le mémo de Nunes qui font pousser des hurlements aux détracteurs de Trump, comme le député démocrate Adam Schiff, et aux médias comme le New York Times, le Washington Post et CNN. Ils craignent à juste titre que ce mémo ne soit qu’un premier aperçu de la corruption endémique au sein du « gouvernement secret » (le trop fameux deep state).

Tout ceci assène donc un coup sérieux à ceux qui ont concocté l’histoire du « Russiagate » pour détruire Trump. Comme le souligne Lyndon LaRouche depuis le début, il faut remonter jusqu’aux origines britanniques de l’affaire pour stopper le putsch. En effet, c’est le GCHQ (l’équivalent britannique de la NSA) qui a été le premier à mettre en garde les agences de renseignement américaines contre la prétendue intention de Vladimir Poutine d’intervenir pour aider Trump, avant même que les chefs des services de renseignement de Barack Obama (l’ancien directeur du FBI, James Comey, l’ancien directeur de la CIA, John Brennan et le directeur du Renseignement national, James Clapper) aient affirmé détenir les preuves accablantes de l’ingérence russe dans l’élection et de la « collusion » de Trump avec les Russes. Le montage du Russiagate avait pour but, comme l’a admis Peter Strzok du FBI, de servir de « police d’assurance » au cas où Trump l’emporterait. En effet, la volonté de Trump d’établir de bonnes relations avec Poutine, au lieu de le provoquer, représentait une menace existentielle pour la doctrine géopolitique impériale d’un monde unilatéral sous le contrôle de la City et de Wall Street.

Le député Nunes a fait savoir qu’il compte publier d’autres mémos sur les abus du « gouvernement secret », et que le suivant concernera le département d’Etat.

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