« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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20 novembre 2019
Les sommes injectées quotidiennement dans le marché « repo » par la Réserve fédérale de New York semblent suivre le plan tracé par JP Morgan Chase : les banques de Wall Street se retirent du marché interbancaire au sens large, et la Réserve fédérale satisfait aux demandes de liquidités du secteur non bancaire (dont les hedge funds) qui sont en hausse.
Depuis l’augmentation du plafond des prêts au jour le jour, autorisée le 28 octobre, la demande de liquidités a dépassé tous les jours l’ancienne limite (75 milliards de dollars), tandis que la demande de prêts à deux semaines dépassait son ancien plafond autorisé (35 milliards de dollars) dans deux opérations sur trois. Le montant total des actifs de la Réserve fédérale a dépassé la barre des 4000 milliards de dollars, c’est-à-dire que 280 milliards de ces prêts au jour le jour sont devenus quasi permanents depuis le 17 septembre. De plus en plus d’experts y voient un signe avant-coureur de l’effondrement du système, après l’échec patent de la réforme du système financier promise en 2008.
Du côté de Wall Street, la spéculation dans la gigantesque « bulle de tout » (everything bubble) s’accélère. Un seul exemple suffira : les « prêts d’entreprises à effet de levier » inclus dans des titres de prêt garantis (CLO), organisés et financés par les grandes banques, s’élèvent à 660 milliards de dollars. Il y a deux mois à peine, lorsque la Banque d’Angleterre avait publié une alerte sur le sujet, le montant total de ces prêts à effet de levier n’était que de 420 milliards de dollars.
Du côté de la Fed, l’intervention journalière sur le marché repo vise à maintenir en vie les actifs en difficulté ou à permettre de les vendre, tout en protégeant en particulier la bulle de la dette des entreprises (15 à 16 milliards de dollars) de la menace d’une hausse des taux d’intérêt.
Ce système est fini. Il n’y a aucun moyen de le sauver, pas même avec la « finance verte » promue par la Banque d’Angleterre. Il faudrait procéder de toute urgence à la séparation des banques suivant les critères de la loi Glass-Steagall, ce qui aurait pour effet relativement rapide d’instaurer un régime de taux d’intérêt à deux niveaux, destiné à pénaliser la spéculation et donc à la décourager.
Aux Etats-Unis, hélas, la revendication d’un Glass-Steagall a été pratiquement abandonnée par les démocrates « progressistes » du Congrès. Et sur les dix élus nationaux actuellement candidats à la présidence, un seul – la députée Tulsi Gabbard – a parrainé la proposition de loi, mais aucun n’en fait un thème de campagne. Quant à Donald Trump, bien qu’ayant réclamé la promulgation de la loi Glass-Steagall lors de sa campagne de 2016, il n’en reparle plus depuis qu’il est président. S’ajoutant à son ignorance apparente des dangers financiers, cela pourrait s’avérer son talon d’Achille.