« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Introduction
15 juillet 2023
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Les 8 et 9 juillet, se tenait à Strasbourg une conférence internationale organisée par l’Institut Schiller. Objectif, mobiliser au sein des nations européennes une opposition à la guerre menée sur le sol européen par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et leurs vassaux de l’OTAN, contre la Russie. Cette guerre, menée via Ukraine interposée, menace chaque jour davantage de dégénérer en conflit mondial, susceptible de prendre à tout moment une dimension nucléaire.
Face à cette menace, l’Europe doit s’orienter vers une alliance pour la paix et le développement, avec l’ensemble des pays qui y sont déterminés : le Sud planétaire, la Chine et la Russie, que cela plaise ou non aux tenants de « l’ordre international basé sur les règles » (Rules Based Order), c’est-à-dire de règles écrites par et pour ceux-là mêmes qui entendent exercer un pouvoir sans partage. A Strasbourg, plus de trente intervenants d’Europe, de Russie, de Chine, des États-Unis et de nombreux pays du « Sud global » se sont adressés aux deux cent cinquante participants venus des principaux pays européens : France, Allemagne, Italie, Belgique, Suède, Danemark, Autriche, Lettonie, entre autres, ainsi que des pays du Sud.
Parmi les orateurs qui se sont exprimés aux côtés de Mme LaRouche sur les enjeux stratégiques du monde figuraient deux invités de marque en la personne de S.E. l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye et S.E. Ilya Subbotin, Ministre conseiller de l’Ambassade de Russie en France. En tant qu’auteur et journaliste indien, Mrutyuanjai Mishra, a pu offrir un point de l’intérieur sur le rôle de l’Inde, autre pays membre fondateur des BRICS. Michele Geraci, ancien sous-secrétaire d’État, ministère du Développement économique ; Alain Corvez, colonel (cr), consultant en Affaires internationales et Jacques Cheminade, président de Solidarité & Progrès ont chacun élaboré sur les choix politiques que la France comme l’Italie devraient urgemment faire pour ne pas se retrouver hors de l’histoire.
Soulignons que la contribution de la culture à l’instauration de la paix étant considéré par l’Institut Schiller comme un facteur de grande importance et qui ne saurait rester un vain mot, la conférence a été rythmée par plusieurs interventions musicales avec, en introduction, l’interprétation par Werner Hartman de l’Adagio cantabile de la sonate pour piano, dite Pathétique, de Beethoven. En soirée, la pianiste albanaise Dhurata Lazo et la soprano suédoise Leena Malki ont offert un magnifique concert, avec un programme réunissant des œuvres de Chopin, Mozart, Schubert et Verdi.
La conférence de Strasbourg, et le processus de délibération qu’elle a permis, contrastait fortement avec le « Sommet pour un nouveau pacte financier mondial » organisé à Paris, le 22 juin, par Emmanuel Macron, dans une tentative peu convaincante de récupérer les dirigeants du Sud en révolte contre l’arrogance et la volonté de domination du G7. La promesse de petites réformes, toujours dans le cadre des anciennes institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et FMI), ajoutées aux 100 milliards de dollars, déjà promis en 2015 mais jamais donnés, pour des investissements dans la bulle verte ont caractérisé une fois encore le type d’approche que rejettent précisément les pays du Sud planétaire.
A Paris, certains dirigeants de ces pays, qui participaient au sommet d’Emmanuel Macron, à l’instar des présidents brésilien et sud-africain, ont confronté l’hypocrisie de leurs homologues européens et leurs promesses cent fois répétées et jamais tenues mais qui, aujourd’hui, ont la prétention de leur interdire l’accès à l’industrialisation de leur pays au nom du « réchauffement climatique ». « Montrez-nous que ces conférences internationales sont vraiment utiles », a déclaré le Président sud-african Ramaphosa. « Décidons maintenant de financer le projet de barrage d’Inga » qui aurait la capacité de générer jusqu’à 70 000 mégawatts d’électricité et de remplacer toutes les centrales à charbon du pays.
Rétablir la paix
Autre aspect d’importance, la conférence de l’Institut Schiller se tenait à la veille du sommet mondial de l’OTAN, les 11 et 12 juillet à Vilnius, en Lituanie, dans le but de rendre visible les solutions positives et de mobiliser les forces qui, partout dans le monde, se lèvent contre les va-t’en-guerre de l’Alliance atlantique. La décision par les Etats-Unis et la France de livrer des armes particulièrement meurtrières à l’Ukraine, bombes à fragmentation pour les Etats-Unis, missiles de longue portée SCALP pour la France, est une illustration tragique de cet effondrement moral dans un contexte où l’OTAN a décidé de ne pas inviter l’Ukraine à rejoindre l’OTAN avant la fin de la guerre, mais de l’armer de telle sorte que, en théorie, la Russie ne puisse plus jamais la menacer.
Comme cela a été clairement souligné, si elles ne sont pas stoppées, ces politiques ont le potentiel d’entraîner la destruction de l’espèce humaine par une nouvelle guerre mondiale qui, aujourd’hui, dériverait inéluctablement vers une guerre thermonucléaire.
Résumé des trois premières interventions :
Selon Helga Zepp-LaRouche, nous nous trouvons sans aucun doute dans un des moments les plus dangereux auquel l’espèce humaine ait jamais été confrontée. Elle insiste notamment que nous nous approchons dangereusement du point où la survie de celle-ci serait engagée, notamment dans le cas d’une guerre nucléaire mondiale. Contrairement à la propagande transmise par les moyens de communication de masse, le danger n’est pas une conséquence de la « guerre d’agression non provoquée de la Russie » ni de la « revendication de puissance impériale de plus en plus agressive de la Chine », mais de la manière dont les forces transatlantiques jouent sans scrupule avec le feu nucléaire, dans leur tentative désespérée d’exercer une domination unipolaire sur le monde à un moment où le monde a depuis longtemps évolué dans une direction multipolaire.
Nous assistons à la fin d’une période coloniale qui a duré environ 500 ans et dont les États du Sud mondial sont déterminés à se débarrasser définitivement avec l’aide de la Chine et de l’« Initiative une Ceinture une Route ». Plus de trente nations ont déposé une demande d’adhésion aux BRICS, ce qui en fera l’organisation internationale regroupant les pays les plus peuplés du monde.
Face à ce changement tectonique du pouvoir, les nations européennes - mais aussi américaines - doivent décider si elles veulent vraiment lier leur destinée aux calculs guerriers et impériaux de l’OTAN. Dans un document du SWP (Fondation de Sciences et de Politique) et le DGAP (Conseil allemand de politique étrangère),du 29 juin 2023, on peut lire qu’en dehors d’une adhésion complète à l’OTAN, il existe deux options qui garantiraient réellement la sécurité de Kiev. La première serait une « démilitarisation » de la Russie qu’ils jugent « actuellement irréaliste ». La deuxième option consisterait pour l’Ukraine de se doter elle-même d’un arsenal nucléaire...
Une autre solution existe. En Europe, et même en Amérique, nous devons abandonner la tentative, de toutes façons vouée à l’échec, d’endiguer l’ascension de ces pays par un découplage ou un « de-risking »< > ; nous devons remplacer la confrontation par la coopération.
Toutes les autres nations européennes doivent être partie intégrante du nouveau paradigme des relations internationales. Notre classe moyenne, qui a été acculée à la faillite du fait des politiques de l’ancien paradigme, peut non seulement être mobilisée pour aider à construire le barrage d’Inga mais aussi pour réaliser le projet Transaqua qui fournira de l’électricité à nombre de pays africains. Nous pouvons coopérer avec la Chine pour équiper tout le Sud planétaire avec un système ferroviaire rapide, construire des ports, des voies navigables, reverdir les déserts par le dessalement à grande échelle de l’eau de mer, construire de nouvelles villes.
Nous pouvons ainsi rénover nos propres infrastructures en mauvais état, au lieu d’enrichir l’industrie de l’armement et d’appauvrir la population, réparer les écoles, remettre le système de santé en état de fonctionnement, intensifier la coopération internationale sur le projet de fusion ITER, grâce à un programme à marche forcée, afin de parvenir plus rapidement à l’exploitation commerciale de l’énergie de fusion, nous épargner toute la pollution de l’environnement et la destruction des paysages avec la multiplication insensées des parcs d’éoliennes. Il faudra également reconstruire l’Ukraine pour qu’elle soit en mesure de remplir le rôle si crucial de pont entre l’Europe de l’Est et la Russie dans le cadre de la nouvelle route de la soie.
Dans une polémique en réponse à Josep Borrel, le président de l’Union européenne, qui a récemment décrit l’Europe, comme un « jardin au milieu de la jungle du reste de l’humanité », Helga Zepp-LaRouche a appelé les Européens, au contraire, à « Faire fleurir un jardin parmi des millions de jardins ! »
Nous nous engageons à mettre l’Europe - et les Etats-Unis - sur cette voie. Disons-le d’emblée : Même si notre continent se trouve dans une crise existentielle, nous ne le laisserons pas se détruire mais nous ferons vivre le meilleur de ce que la culture européenne a produit.
S.E. l’Ambassadeur de la République populaire de Chine en France, Lu Shaye, a évoqué dans son allocution, « les changements inédits depuis un siècle qui se produisent actuellement à un rythme accéléré, donnant lieu à des transformations sans précédent de notre monde, de notre époque et de notre histoire ». Il a ensuite caractérisé le monde comme étant aujourd’hui divisé entre deux conceptions : les partisans de la paix et les partisans de la guerre. La question est de savoir quel camp l’emportera.
L’Ambassadeur de Chine a détaillé les opportunités très importantes qui s’offriraient aux nations occidentales si elles coopéraient avec la Chine et les pays du Sud en participant à la multitude d’initiatives de développement lancées par la Chine, telles que l’initiative « la Ceinture et la Route ».
Face à la tentation hégémonique, M. Lu Shaye a rappelé un proverbe africain qui dit : « Seul, on va plus vite ; ensemble, nous allons plus loin« . Il a appelé les dirigeants européens à »jouer activement leur rôle et à apporter leur sagesse et leur force pour conduire leurs pays respectifs et l’humanité tout entière à faire le bon choix ».
Le troisième orateur du panel était S.E. Ilya Subbotin, Ministre Conseiller de l’Ambassade de la Fédération de Russie en France. Il a présenté son point de vue personnel sur l’histoire de l’effondrement de l’Union soviétique et la transition tumultueuse vers l’ère post-soviétique qui s’en est suivie, jusqu’à l’actuelle opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine.
Il est important de noter que, contrairement aux proclamations du président George H.W. Bush selon qui l’Occident avait « gagné » la guerre froide, du point de vue russe, c’est le président Mikhaïl Gorbatchev qui a mis fin à la guerre froide.
La plupart des habitants des anciennes républiques soviétiques avaient l’espoir d’une nouvelle union et le désir de faire partie du « monde occidental ». Malgré les innombrables efforts déployés par les dirigeants russes sur une période de 30 ans, en particulier par le président Vladimir Poutine, chaque tentative de rapprochement avec l’Occident a été sabotée, ce qui a conduit à la situation actuelle où, selon l’ambassadeur Subbotin, « l’opération militaire spéciale est devenue la solution juste et sans autre alternative pour garantir la sécurité de la Russie et du peuple russe, que le régime de Kiev voulait priver de sa langue, de sa religion, de sa culture et de ses valeurs ».
L’ambassadeur Subbotin a terminé ses remarques par une déclaration prophétique.« L’hégémon qui perd sa domination réagit avec méchanceté ».
Bien que le monde multipolaire soit désormais une réalité, la question est de savoir si les nations européennes se libéreront de l’emprise des « chaînes du contrôle américain » et se joindront aux « nouveaux centres de croissance économique » du Sud ? « Quand et si cela se produira, la Russie sera prête pour un dialogue d’égal à égal mutuellement bénéfique, sur la base de nos intérêts fondamentaux ».