« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

Accueil > Notre action > Conférences > Inspirer l’humanité pour qu’elle survive...

Visioconférence internationale des 10 et 11 septembre

Comment le monde a été amené au bord du gouffre

1ere session

27 septembre 2022

Pr Georgy Toloraya
Diplomate russe, chef de département à la fondation présidentielle « Russkiy Mir », directeur exécutif du Comité national russe pour la recherche sur les BRICS, directeur de la section Asie de l’Est à l’Institut d’économie de l’Académie des sciences de Russie, professeur invité à l’Institut d’État des relations internationales de Moscou (MGIMO).

Bonjour, Mesdames et Messieurs.

C’est un plaisir et un honneur pour moi de m’adresser à la conférence « Inspirer l’humanité à survivre à la plus grande crise de l’histoire mondiale », qui est malheureusement très actuelle, car cette année, nous avons soudainement rencontré une crise politique, économique et existentielle qui ne peut être réellement comparée qu’aux événements les plus graves de l’histoire humaine.

Bien sûr, ce n’est pas soudain et ce n’est pas seulement un « cygne noir », parce que cette crise se prépare depuis plus de trois décennies. Lorsque l’Union soviétique s’est dissoute (grâce à Mikhaïl Gorbatchev, dont je viens d’apprendre la disparition), à cette époque, beaucoup de gens ont dit que c’était « la fin de l’histoire », ce qui signifiait que puisque l’Occident l’avait emporté face au communisme et à tout autre modèle, il n’y aurait plus de conflit.

Ce ne fut pas le cas. La Russie elle-même était très désireuse de rejoindre ce nouvel ordre mondial, ce nouvel ordre dirigé par l’Occident, en tant que partenaire sur un pied d’égalité, mais cette opportunité lui a été refusée. De plus, les intérêts vitaux de la Russie n’ont pas été pris en compte, et je ne sais pas quels sont les projets de l’Occident par rapport à la Russie, mais à en juger par l’attitude des dirigeants russes, il pourrait y avoir un risque assez sérieux de porter atteinte à toute la civilisation.

Ainsi, pour la Russie, la guerre en Ukraine n’est pas seulement une guerre ukrainienne, c’est une guerre existentielle. La Russie se bat non pas pour accroître ses territoires, sa population ou ses ressources - elle a suffisamment de terres et de ressources sur son vaste territoire - mais pour lutter contre le danger imminent de désintégration du pays et de destruction de l’ensemble de la civilisation russe.

Il s’agit donc de la poursuite d’une lutte centenaire avec l’Occident. Bien sûr, aujourd’hui, elle se situe au cœur de la lutte mondiale pour un nouvel ordre international plus juste. Parce que l’ordre et le système de gouvernance mondiale qui nous accompagnent depuis trois décennies sont dirigés par l’Occident. C’est un monde unipolaire qu’ils essaient de construire. Et ce pour quoi l’Occident se bat, ce n’est pas pour la démocratie, mais pour la domination de ce monde.

La démocratie est, bien sûr, une bonne chose, mais après tout, ce n’est qu’un système de gouvernance. C’est bien si vos voisins ont ce système de gouvernance, mais pourquoi devriez-vous gaspiller vos ressources et même la vie de vos soldats pour installer ce système dans un pays étranger ? Ce n’est qu’un prétexte. La véritable raison est la domination, qui se traduit par une domination économique et, en fait, le pillage des autres nations et du monde entier pour son propre bénéfice.

La nouvelle situation internationale, dont les puissances montantes veulent leur part, à la fois dans leur lutte pour une vie meilleure et dans la gestion de leur propre destin, devait tôt ou tard entrer en contradiction avec cette réalité. Ainsi, la guerre qui vient de commencer fait partie d’une lutte plus large, qui rassemble malheureusement de vastes parties du monde dans un affrontement global dont nous ne voyons peut-être que le début, et qui pourrait malheureusement se poursuivre pendant des décennies. Cependant, il est préférable qu’il se poursuive pendant des décennies sous forme d’un conflit à combustion lente plutôt que d’une guerre totale, ce qui n’est malheureusement pas impossible. Parfois, les guerres commencent accidentellement, et elles s’intensifient accidentellement, aussi personne ne peut malheureusement exclure une escalade accidentelle de la guerre pouvant provoquer une apocalypse thermonucléaire.

Dieu nous en préserve, mais en attendant, il est également important d’avoir un programme positif. Cela signifie que, comme je l’ai dit, les pays du Sud et les pays de la partie non-occidentale du globe devraient lutter, non pas pour la domination, mais pour un ordre juste qui leur permettrait de participer à la prise de décision, à la mise en œuvre et à la récolte des fruits de leurs efforts. L’une des raisons pour lesquelles cela ne se produit pas est le système financier injuste, centré sur le dollar. Cela permet au pays émetteur de récolter ses propres bénéfices en imprimant simplement de l’argent sans valeur.

C’est pourquoi l’appel promu par le mouvement LaRouche pour un nouveau système de Bretton Woods est, je pense, très important et très pertinent.

Un autre facteur est l’union des forces des plus grands ensembles civilisationnels dans le format BRICS. Il comprend maintenant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, et bientôt d’autres grands pays comme l’Argentine, et d’autres encore - l’Indonésie, et peut-être l’Iran, pourraient nous rejoindre. Il s’agit d’une véritable force qui peut façonner l’ordre économique mondial et les flux financiers d’une manière plus juste et plus satisfaisante pour le monde entier, et pas seulement pour un petit nombre de rentiers dans les pays « assis sur un tas d’or ».

Je pense que c’est exactement ce à quoi aspirait Lyndon LaRouche, dont nous célébrons le centième anniversaire de la naissance. Et je crois que cette conférence est tout à fait d’actualité pour discuter de ces questions et formuler des recommandations et des idées qui peuvent être soutenues dans le monde entier.

Je vous souhaite donc beaucoup de succès et vous remercie.

Votre message