« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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13 juillet 2022
Ce mardi 12 juillet aura été l’occasion de découvrir les premières images prises par le télescope James Webb lancé le 25 décembre 2021. Les photos en couleur et les données spectroscopiques ont été divulguées lors d’une émission télévisée à partir du Goddard Space Flight Center de la NASA, en collaboration avec l’Agence spatiale européenne et l’Agence spatiale canadienne. Leur beauté et l’incroyable précision des images montrant des étoiles et des galaxies dont la lumière date de 13 milliards d’année ont confirmé les attentes et les déclarations enthousiastes des scientifiques. Pour Bill Nelson, administrateur de la NASA, « nous serons en mesure de répondre à des questions que nous ne savons même pas encore poser. »
D’ores et déjà beaucoup a été dit sur la prouesse technique d’un instrument qui serait capable de détecter un insecte sur la Lune à partir de sa chaleur. Toutefois, la question se pose de savoir si la société qui a été capable de créer les conditions permettant un tel exploit sera demain en mesure d’aller plus loin et, surtout, d’en tirer des bénéfices pour tous.
Concrètement, les percées scientifiques nécessaires à l’« impératif terrestre » - pour que l’humanité aille dans l’espace, comme l’a déclaré le spécialiste de l’espace Krafft Ehricke - ne font qu’un avec ce qui est nécessaire à la poursuite du bien public pour toute l’humanité ici sur Terre.
Pour y parvenir, il y a donc urgence à remplacer dans les plus brefs délais le système monétariste occidental en faillite et fonctionnellement incapable d’assurer la survie réussie de la société.
D’autant que partout dans le monde, les populations se lèvent contre les effets de décisions affectant leur vie avec, tout particulièrement, l’hyperinflation et les interdictions frappant les engrais et les pesticides, sans pour autant que les manifestations ne se limitent à ces seules causes.
Concernant l’inflation, le « narratif » officiel consiste à désigner les Russes comme responsables de celle-ci en les accusant d’être à l’origine de la crise sur l’approvisionnement en céréales, du fait de l’invasion de l’Ukraine, et en se cachant derrière la hausse des prix de l’énergie suite à la politique de sanctions.
Ce narratif, tant à l’usage des populations européennes qu’à destination des pays non occidentaux s’est avéré un échec et a été douché lors du sommet des ministres des Affaires étrangères les 7 et 8 juillet à Bali. Le clivage grandissant entre le club atlantiste et les autres pays a été ouvertement reconnu (apparemment à sa grande surprise) par Josep Borrell, responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, dans un blog publié sur le site de l’UE.
Concernant la guerre en Ukraine, il écrit que « le G7 et les pays aux vues similaires sont unanimes à condamner et sanctionner la Russie et à demander au régime de répondre de ses actes. Mais d’autres pays, et nous pouvons parler ici de la majorité des pays du ‘Sud’, le voient sous un angle différent. (...) La bataille mondiale des récits bat son plein et, pour l’instant, nous ne sommes pas gagnants. » (Ces « autres pays » étant, bien sûr, considérés comme corrompus et sans scrupules.)
La réalité, c’est que le monde occidental est bien celui qui risque de se retrouver isolé de par son déni de réalité et, surtout, durablement décrédibilisé face à une communauté internationale de plus en plus attirée par les perspectives de développement et d’avenir inhérentes à la politique des « Nouvelles routes de la soie » proposée par la Chine et les BRICS.
Il est encore temps de changer, mais il faut faire vite. La première étape commence avec la convocation d’un Comité Ad Hoc pour un Nouveau Bretton Woods permettant de redéfinir une architecture économique plus juste et soucieuse de répondre aux besoins de toute l’humanité et de notre planète.