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C’est la Grande-Bretagne et non la Russie qui s’ingère dans la politique américaine

3 février 2017

Le dossier sur les prétendus liens de Donald Trump avec la Russie s’est vite avéré une fabrication pure et simple (fake news) du renseignement britannique. Peu avant, on avait appris que les accusations selon lesquelles la Russie était intervenue dans l’élection américaine pour favoriser Trump avaient pour origine les services britanniques, qui les ont filtrées au FBI, à l’équipe de Hillary Clinton, puis finalement aux médias. Voilà la vraie corruption.

Le « spectaculaire » dossier publié le 10 janvier, prétendant que Vladimir Poutine était en mesure de faire chanter Donald Trump, avait été commandé au départ, selon la BBC, lors des primaires présidentielles par un riche donateur du Parti républicain hostile à Trump. Celui-ci a engagé les services d’une entreprise de conseil de Washington, Fusion GPS, fondée et dirigée par Glenn Simpson, un ancien journaliste du Wall Street Journal proche des néoconservateurs.

Suite à l’investiture de Trump, le donateur républicain a retiré son projet, mais la même entreprise a été embauchée par des partisans de Mme Clinton pour poursuivre les recherches contre le candidat républicain.

Des services du renseignement britannique...

Au mois de juin 2016, la direction du Parti démocrate (DNC) a annoncé le piratage de ses systèmes informatiques par la Russie. Ces informations, selon The Guardian, avaient été transmises dès l’automne 2015 par les services du renseignement britannique au FBI, qui en a informé le DNC. Or, ce dernier ne les a pas prises au sérieux. Ce n’est qu’en mai-juin 2016, c’est-à-dire après l’investiture présidentielle de Trump et après le contrat des partisans de Hillary Clinton avec Fusion GPS, que le DNC a annoncé, par l’intermédiaire d’une entreprise privée de sécurité, que ses systèmes avaient été piratés, et que les Russes en seraient responsables.

À ce moment-là, Fusion GPS a engagé les services d’un ancien du MI6 britannique, Christopher Steele, qui avait travaillé comme agent secret à Moscou et à Paris, et était connu pour avoir une dent contre Poutine. Le FBI connaissait bien Steele, car celui-ci leur avait fourni des renseignements sur la corruption au sein de la FIFA, visant aussi la Russie. Pour le compte de Fusion GPS, Steele a noué des contacts en Russie pour recueillir des renseignements de ses anciens informateurs du MI6. Pendant l’été et l’automne 2016, Steele a rédigé des notes pour Fusion GPS, aboutissant au dossier de 35 pages truffé de « fausses nouvelles » qui a finalement été publié le 10 janvier.

… aux services de renseignement américain

Pendant tous ces longs mois, ces notes étaient diffusées à Washington dans les milieux politiques et journalistiques, mais personne ne voulait les rendre publiques tant leur caractère frauduleux était manifeste. Après l’élection de Trump, Fusion GPS n’était plus rémunérée mais Simpson et Steele ont poursuivi quand même leur « enquête » et la diffusion du dossier. Au mois de décembre, ils l’ont fait remettre au sénateur John McCain, qui l’a transmis à son tour au directeur du FBI James Comey (qui l’avait déjà reçu des réseaux de Steele).

Le dossier contenait tellement de mensonges qu’il n’a jamais été éventé, jusqu’à ce que le directeur du renseignement national James Clapper et le directeur de la CIA John Brennan en aient intégré un résumé dans leur rapport sur l’influence russe dans l’élection américaine présenté d’abord à Barack Obama puis à Donald Trump. Une fois élevé au niveau de « renseignements » par ces directeurs de SR, le dossier a pu être mentionné sur CNN puis publié intégralement par BuzzFeed.

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