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Bolivie : Une révolution de couleur à l’envers

19 novembre 2020

C’est dans une ambiance de liesse que le nouveau Président bolivien Luis Arce (ancien ministre des Finances du gouvernement d’Evo Morales) et son vice-président David Choquehuanca (ancien ministre des Affaires étrangères du même gouvernement) ont pris leurs fonctions le 8 novembre, après avoir remporté une victoire écrasante le 18 octobre avec 55 % des voix contre seulement 28 % pour ceux arrivant en deuxième position. Le Mouvement pour le socialisme (MAS) se retrouve donc au pouvoir, presque un an jour pour jour après le départ forcé d’Evo Morales, suite à un coup d’Etat à la Maidan mené par des forces d’extrême-droite avec le soutien du département d’Etat américain.

Le lendemain, l9 novembre 2020, dans la petite ville argentine de La Quiaca, à la frontière avec la Bolivie, on assista à une cérémonie bi-nationale chargée d’émotion. Le président argentin Alberto Fernández y fit ses adieux à Evo Morales, qui vivait exilé en Argentine depuis le putsch. Un Morales visiblement ému exprima sa gratitude envers Fernández pour l’avoir accueilli et protégé contre ceux qui cherchaient à le tuer. Il rappela que c’était un avion de l’armée de l’Air mexicaine qui l’avait sorti de la jungle bolivienne où il s’était réfugié après le coup d’Etat, et qu’il avait été soutenu en cette période critique, tant par le président mexicain Andrés Manuel López Obrador que par Fernández (encore président élu à l’époque). Ces deux dirigeants défendaient ainsi la souveraineté bolivienne et le principe de non intervention d’une puissance étrangère dans les affaires internes d’un autre pays.

Le président Arce fut un architecte clef de la politique économique adoptée par Evo Morales durant ses treize années à la tête du pays (de 2006 à 2019). Ce gouvernement a réalisé une transformation extraordinaire de l’économie bolivienne, améliorant considérablement le sort des citoyens défavorisés, notamment de la population indigène. La pauvreté a été ramenée de 38,2 % à 15 %, le taux de croissance annuel s’est maintenu autour de 4,5 % et les gisements de pétrole et de gaz ont été renationalisés dès 2006. En même temps, le gouvernement a misé sur le développement scientifique et technologique, notamment l’énergie nucléaire et même la fusion, promouvant l’éducation scientifique des jeunes. La société russe Rosatom avait d’ailleurs commencé à construire un centre national de recherche en technologie nucléaire à El Alto (le gouvernement Arce vient de relancer le contrat annulé entre-temps par le gouvernement putschiste). Et l’exploitation du minerai de fer du gisement du Mutún (quatrième réserve mondiale) avait été confiée à l’entreprise chinoise Sinosteel. Puis en 2018, la Bolivie a rejoint l’Initiative une ceinture, une route.

La Chine et la Russie comptent toutes deux reprendre les projets de développement stratégiques annulés par le gouvernement usurpateur. De son côté, le président Arce s’est engagé à poursuivre l’industrialisation de la Bolivie, en particulier avec ces deux puissances, et à militer pour la construction d’un corridor ferroviaire reliant l’Atlantique au Pacifique via la Bolivie.

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