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Sommet des BRICS à Goa : un programme de nouvel ordre international multipolaire

25 octobre 2016

Le 8e sommet des BRICS qui s’est tenu les 15-16 octobre à Goa, en Inde, a présenté son programme de nouvel ordre international multipolaire, reposant sur de grands projets d’infrastructure, une collaboration « gagnant/gagnant » et une réforme fondamentale du système financier et économique.

À en croire le pessimisme des médias occidentaux, le groupe BRICS serait « insignifiant » et « déchiré par des conflits ». Or, en dépit des dérives de la mondialisation et des machinations géopolitiques, les cinq pays membres (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), se sont engagés à jouer un rôle plus important et à contribuer davantage aux mécanismes de gouvernance mondiale afin d’apporter à leurs peuples « des avantages directs ». Le FMI a déclaré au début du mois dans ses dernières « Perspectives sur l’économie mondiale » que la croissance des marchés émergents et des économies en voie de développement enregistrerait en 2016 sa première accélération en six ans.

Le fonctionnement de la Nouvelle Banque de développement (NBD), qui compte porter à 2,5 milliards de dollars le montant de ses prêts l’année prochaine, après une première année d’opérations réussies, témoigne du caractère institutionnel du groupe. Le lancement de l’Accord de fonds de réserve (CRA) des BRICS qui est destiné à protéger contre les attaques monétaires, permettra de consolider le filet de sécurité financier global. Les dirigeants entendent aussi créer bientôt une agence de notation de crédit, indépendante de Wall Street et de la City.

Juste avant le sommet, le Premier ministre indien Narendra Modi a tenu des réunions bilatérales fructueuses avec le président russe Vladimir Poutine, puis avec le président chinois Xi Jinping, et ces deux derniers se sont également rencontrés entre eux. Malgré les problèmes qui persistent, ils se sont engagés à promouvoir davantage de coopération entre les BRICS, et ils ont discuté de plusieurs questions, comme la sécurité informatique, la sécurité énergétique et la lutte contre le terrorisme dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai.

Nous citons ici quelques points importants de la déclaration commune du sommet (texte intégral en anglais de la déclaration) :

  • Les BRICS défendent « le droit international et le rôle central des Nations unies, en tant qu’organisation chargée de maintenir la paix et la sécurité internationales, de faire avancer le développement global et d’encourager et protéger les droits de l’homme ».
  • Les dirigeants rejettent toute ingérence dans les affaires internes d’autres pays, au profit d’une « coopération excluant l’imposition de mesures coercitives unilatérales non fondées sur le droit international (...). Nous condamnons les interventions militaires unilatérales et les sanctions économiques en violation du droit international (...). »
  • Concernant la Syrie et l’Afrique du Nord : ce sont des questions profondément préoccupantes, nécessitant des solutions « conformes au droit international » et aux principes d’« indépendance, d’intégrité territoriale et de souveraineté des pays de la région ».
  • Les BRICS condamnent le terrorisme international « sous toutes ses formes ». L’État islamique, Daech et ses filiales représentent « une menace globale sans précédent pour la paix et la sécurité internationales ».
  • Concernant la politique industrielle : si la politique monétaire est importante, elle « ne peut, à elle seule, mener à une croissance équilibrée et durable ». Puis, plus loin, « nous reconnaissons que l’innovation est un moteur clé de la croissance à moyen et long terme et du développement durable. Nous soulignons l’importance de l’industrialisation et des mesures qui promeuvent le développement industriel comme pilier central de la transformation structurelle ».
  • Le nucléaire civil jouera « un rôle significatif pour certains pays des BRICS, leur permettant de remplir leurs engagements pris dans l’accord de Paris de 2015 sur le réchauffement climatique ». Elle note aussi l’importance de « prévoir l’accès à la technologie et au financement permettant de développer les capacités du nucléaire civil qui contribueraient au développement durable des pays des BRICS ».
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