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Au pérou, hausse des prix ... et de la colère

6 avril 2022

Partout dans le monde, l’instabilité se répand face à une forte augmentation des prix. Certes aggravée par la guerre en Ukraine, cette inflation a toutefois été déclenchée bien avant par un système financier spéculatif en faillite, qui ne produit rien mais joue avec l’argent et la vie des populations.

C’est une situation explosive que connaît le Pérou avec une grève de six jours déclenchée la semaine dernière par des agriculteurs et des camionneurs du département agricole (province) de Junin en raison des prix élevés du carburant, des engrais et des aliments. Les camionneurs ont bloqué les principales routes partant de la ville de Huancayo, la capitale de Junin, à l’est et à l’ouest, empêchant ainsi la nourriture d’atteindre la capitale Lima, provoquant des pénuries et affectant les exportations alimentaires. Des manifestations ont lieu dans tout le pays, notamment des affrontements avec la police, des actes de vandalisme et des pillages de stations-service et de marchés alimentaires, qui ont fait plusieurs morts et blessés. Tard hier soir, le président Pedro Castillo a déclaré l’état d’urgence et un couvre-feu à Lima et dans la ville portuaire voisine de Callao, interdisant aux gens de quitter leur domicile, sauf s’ils travaillent dans des services essentiels. L’armée a également été déployée dans différentes parties du pays.

Comme dans d’autres pays, l’inflation des prix des aliments, des carburants et des engrais est le résultat de la crise mondiale et de l’impact des sanctions imposées à la Russie. En mars de cette année, les prix au Pérou ont augmenté de 6,8 % par rapport à mars 2021, et l’inflation, dans l’ensemble, augmente au rythme le plus rapide depuis 24 ans, selon Bloomberg. Mais, comme l’ont soulignés les correspondants de l’Institut Schiller à Lima, le Pérou avait déjà atteint les limites de sa tolérance bien avant que la situation actuelle n’éclate. Sa population a été frappée de plein fouet par la pandémie. La pauvreté est généralisée ; 75% de la population travaille dans le secteur « informel ». « Les gens ne mangent pas, ils n’en peuvent plus. La situation a tout simplement explosé », explique Luis Vasquez, de l’EIR. Luis Vasquez. Le pays tout entier est en crise.

Castillo, qui a une cote de popularité d’environ 30 %, est considéré comme inepte. Il a rendu furieux les grévistes de Huancayo en les traitant d’agents payés et de provocateurs. Après avoir présenté des excuses boiteuses, il a envoyé plusieurs membres de son cabinet à Huancayo pour négocier la fin de la grève et a annoncé une levée « temporaire » des taxes sur le carburant et certains produits alimentaires ainsi qu’une augmentation de 10 % du salaire minimum. Mais avec un taux d’inflation élevé, les petits bénéfices qui pourraient être tirés de ces économies disparaîtront rapidement. Les chauffeurs de bus ont dénoncé cette augmentation de salaire comme insuffisante et se sont mis en grève hier. Le Trésor public ne dispose pas non plus de fonds suffisants pour payer les obligations spéciales que M. Castillo a promises aux pauvres pour atténuer les effets de la pauvreté, de la faim et du chômage.

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