« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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4 avril 2022
À quelques jours du 4 avril, anniversaire de la mort de Martin Luther King et alors que nous commémorions le 57e anniversaire des jours historiques et sanglants des 21-25 mars 1965 de la marche sur Selma pour les droits des peuples, l’Institut Schiller revient sur la personnalité centrale d’Amelia Boynton Robinson. Figure centrale de la lutte pour les droits civiques, emblème de la liberté, Amelia fut aussi la co-présidente de l’Institut Schiller pendant vingt-cinq ans.
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Amelia Robinson est née en 1911 dans l’Etat de Géorgie (USA), dans une famille de 10 enfants. Son père était entrepreneur en bâtiment. Son histoire remonte, des deux côtés, à un mélange d’esclaves africains, d’Indiens Cherokee et de nobles allemands et européens.
Le récit de la vie de cette femme extraordinaire est présenté dans le livre « Bridge Across Jordan », publié par l’Institut Schiller en juillet 1991. « Amelia Boynton Robinson est peut-être plus connue comme la femme qui, en tête de la marche, a été gazée, battue et laissée pour morte sur le pont Edmund Pettus, lors de la marche du »dimanche sanglant" du 7 mars 1965 vers Montgomery, en Alabama, qui a rapidement conduit à l’éclatement du mouvement des droits civils en un mouvement de masse international.
Mais les efforts d’Amelia Robinson pour la justice et les droits civils ont commencé bien avant 1965. Dès les années 1930, elle et son mari, S.W. Boynton, se sont battus pour le droit de vote et la propriété des Afro-Américains dans les zones rurales les plus pauvres de l’Alabama, où elle travaillait comme agent de démonstration à domicile pour le ministère américain de l’agriculture, et lui comme agent de comté. Bill Boynton a donné sa vie pour cette cause, mourant jeune d’une crise cardiaque provoquée par les années de dur labeur et de harcèlement que son travail entraînait.
Dans les années 1960, la maison et le bureau de Mme Robinson sont devenus le centre de la lutte pour les droits civiques à Selma, utilisés par le Dr King et ses lieutenants, par des membres du Congrès et des avocats de tout le pays, pour planifier les manifestations qui allaient aboutir à la loi sur le droit de vote de 1965. En 1964, elle a été la première Afro-Américaine à briguer un siège au Congrès pour l’Alabama, et la première femme, blanche ou noire, à se présenter sur la liste démocrate dans cet État.
C’est à New York qu’Amelia Robinson rencontra des associés de Lyndon LaRouche qui défendaient les idées de justice, de droit au développement et à la dignité pour lesquels elle se battait elle-même. Surtout, leur approche était très inspirée par les conceptions qui avaient été développées lors de la conférence de Bandung de 1955. Aussi, lorsque l’Institut Schiller fut officiellement fondé en 1984 par Helga Zepp-LaRouche, elle en devint la vice-présidente, fonction qu’elle honora pendant vingt-cinq ans, en considérant que l’Institut « suivait les traces de Martin Luther King ».
En avril-mai 1990, Mme Robinson a passé cinq semaines à visiter l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest pour l’Institut Schiller, où elle s’est adressée à des milliers de citoyens allemands sur les leçons du mouvement de Martin Luther King pour l’Allemagne d’aujourd’hui.
Mais lors de ses séjours en Europe, Amelia n’a jamais manqué de venir retrouver ses amis en France où elle a fait plusieurs voyages toujours marquants, comme en 1995 où elle venue soutenir la candidature de Jacques Cheminade à l’élection présidentielle. En 2006, elle partait en Lorraine pour y rencontrer, dans le petit musée d’Emberménil, cette grande figure de la Révolution française que fut l’abbé Grégoire. Une rencontre émouvante, avant de prendre la parole à Lunéville devant un public particulièrement attentif, avec celui qui se battit pour l’abolition des privilège et jeta les premières pierres de la bataille pour la liberté des Noirs.
Le 21 juillet 1990, Mme Robinson avait reçu la médaille de la liberté Martin Luther King, Jr. (Freedom Medal), en hommage à son engagement de toute une vie en faveur des droits de l’homme et des droits civils. Un engagement qui n’a jamais faibli et qui, bien au contraire, s’est nourri et renforcé de toutes les rencontres qui ont enrichies une vie longue et remarquablement fructueuse.
Aujourd’hui, on se souvient d’Amelia comme d’une dirigeante naturelle, une femme généreuse, combative, qui a parcouru l’Amérique et le monde au nom des principes des droits civils et des droits de l’homme dont elle a défendu la cause pendant plus d’un demi-siècle, tant dans son engagement dans le mouvement de Martin Luther King que dans ses fonctions de vice-présidente de l’Institut Schiller.