« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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27 janvier 2016
Le contraste n’aurait pu être plus frappant : d’un côté, les élites occidentales de la finance et de la politique réunies à Davos pour le Forum économique mondial (WEF), et de l’autre, la perspective présentée par le président chinois Xi Jinping, lors de son voyage en Asie du Sud-Ouest, dans le cadre de la Nouvelle Route de la soie.
Bien loin des manœuvres géopolitiques visant à « diviser pour régner », les Chinois offrent à la région l’accès à un développement économique tangible, permettant de surmonter les conflits sectaires et les jeux de pouvoir, et accessoirement de stopper l’afflux de réfugiés en Europe.
À Davos, par contre, malgré les pronostics optimistes prononcés par certains, l’ambiance était dominée par le pessimisme et la morosité. Comme le notait Bloomberg News, la débâcle des marchés mondiaux figurait parmi les principales préoccupations : « Le cauchemar du pétrole domine à Davos. » L’éclatement de l’Union européenne et de la zone euro en était une autre. Certains intervenants ont souligné le danger d’un « Brexit » (la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE), d’autres, l’échec indéniable de la politique de sauvetage des banques de la BCE, en dépit des promesses de Mario Draghi.
Le tristement célèbre milliardaire George Soros a prédit « l’effondrement imminent » de l’UE en raison des antagonismes au sujet des réfugiés. Le Premier ministre français Manuel Valls a déclaré redouter la « dislocation du projet européen à très court terme », dans « les mois qui viennent », évoquant la crise des réfugiés, le terrorisme, la montée des populismes et le Brexit. La réalité s’est imposée au point que même le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a défendu un Plan Marshall pour le Moyen-Orient.
Somme toute, nous nous trouvons au cœur d’une nouvelle crise financière, bien pire que celle de 2007-2008. Cette évaluation a été partagée le 20 janvier par William White, l’ancien économiste-en-chef de la Banque des règlements internationaux, lors d’un entretien avec Ambrose Evans-Pritchard, publié dans le Daily Telegraph.
Au cours des huit dernières années, a-t-il fait remarquer, les dettes ont continué à s’accumuler pour atteindre des niveaux alarmants. « Il sera évident, lorsque la récession frappera, qu’un bon nombre de ces dettes ne seront jamais refinancées ni remboursées. (...) La seule question qui se pose est de savoir si nous sommes capables de regarder la réalité en face et de traiter ce qui va arriver de façon ordonnée, ou bien si les choses se feront dans le chaos. Les jubilés et l’annulation des dettes qui les accompagne se pratiquent depuis 5000 ans, remontant jusqu’aux Sumériens. »
White a raison, lorsqu’il dit que l’annulation de dettes est une nécessité. Ce qu’il ne dit pas, c’est que pour séparer les dettes légitimes des dettes illégitimes, des réformes similaires à la loi Glass-Steagall sont indispensables.
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