« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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Visioconférence internationale des 18 et 19 juin 2022
1ere session
22 juin 2022
Helga Zepp-LaRouche
Imaginez que vous êtes assis dans un train à grande vitesse fonçant à 1000 km à l’heure. Vous savez que la voie ferrée atteindra une falaise dans quelques minutes, le train sera précipité dans l’abîme et tous les passagers mourront dans un enfer de feu. Vous savez aussi que le conducteur de la locomotive est complètement fou et qu’il ne fera absolument rien pour empêcher cette issue fatale.
C’est à peu près la situation dans laquelle se trouvent les citoyens des États-Unis, d’Europe et, malheureusement, du monde entier, sauf que c’est bien pire, car l’accident de train serait en fait une guerre nucléaire, et l’enfer de feu sera cinq fois plus chaud que le centre de notre Soleil qui est de 15 millions de degrés Celsius, car c’est la température provoquée par une explosion nucléaire (vidéo de 10 secondes).
Et si vous ne parvenez pas à tirer à temps le signal d’alarme, il y aura un hiver nucléaire, et il n’y aura plus personne pour enquêter sur la façon dont on en est arrivé à ce moment final de l’histoire de l’espèce humaine autrefois si prometteuse.
Le train que je décris ici est la politique de l’OTAN, des États-Unis, de l’UE et des pays qui se rangent à leurs côtés, ainsi que de leurs banques centrales. Ce train funeste a pris la mauvaise voie le conduisant à s’écraser en bas de la falaise, porté par l’orgueilleuse intention d’instaurer un monde unipolaire basé sur la « relation spéciale » anglo-américaine, au moment où l’Union soviétique s’est désintégrée et que l’Occident s’est déclaré l’arrogant vainqueur de la guerre froide.
Il est important de reconnaître que l’intention occidentale de ruiner la Russie existe depuis la fin de l’Union soviétique. Il ne s’agit pas de propagande russe, mais d’un fait historique parfaitement documenté. La « thérapie de choc » imposée par l’Occident à l’économie russe de la période Eltsine avait pour intention explicite de reléguer une superpuissance nucléaire au rang de pays exportateur de matières premières du tiers monde, ce qui a réduit la capacité industrielle russe de 1991 à 1994 à seulement 30 %.
Cela a entraîné un recul démographique d’un million de personnes en moins par an. George Soros a fait tout ce qui était en son pouvoir pour organiser une fuite des cerveaux afin d’éliminer la Russie en tant que concurrent potentiel.
Cartes des cinq phases d’élargissement de l’OTAN
Les cinq élargissements de l’OTAN vers l’Est, y compris l’établissement du système de défense antimissile « Aegis Ashore » en Pologne et en Roumanie, les lanceurs MK41, qui peuvent être utilisés pour lancer des missiles Tomahawk et d’autres systèmes de frappe, faisaient partie d’une stratégie continue d’encerclement, contre laquelle la Russie a tracé à plusieurs reprises des lignes rouges indiquant qu’elle y voyait une menace pour ses intérêts vitaux, et contre laquelle elle a développé de nouveaux systèmes nucléaires, comme le missile hypersonique Avangard, un missile intercontinental très maniable pouvant atteindre une vitesse de Mach 20, le missile de croisière hypersonique Kinzhal, des drones sous-marins rapides, le missile de croisière hypersonique Tsirkon, etc.
D’autres wagons se sont ajoutés au train en cours de route : les révolutions de couleur et les manœuvres d’ingérence dans les affaires intérieures des anciens pays du Pacte de Varsovie, financées à coups de milliards par la National Endowment of Democracy (NED) ou le Département d’État américain, ou encore le coup d’État soutenu par l’Occident en Ukraine en 2014, qui a porté au pouvoir des groupes nazis à la solde des services de renseignement occidentaux depuis la Seconde Guerre mondiale, auxquels les populations russophones de Crimée et de Donbass n’ont pas souhaité se soumettre.
Lorsque Poutine a réagi à l’intensification des opérations militaires de l’armée ukrainienne, qui, comme on le sait clairement aujourd’hui, a été formée par les militaires américains et britanniques pendant de nombreuses années, ainsi qu’aux manœuvres de bombardiers américains capables de transporter des armes nucléaires, non seulement il n’a obtenu aucune réponse à ses principales demandes de garanties – à savoir que l’Ukraine ne ferait pas partie de l’OTAN et qu’aucun système d’armement offensif ne serait installé à la frontière russe – mais des responsables anonymes de la Maison-Blanche ont déclaré explicitement, lors d’une réunion d’information le 25 janvier, c’est-à-dire avant l’invasion militaire de l’Ukraine, que le but des sanctions était de « dévaster » l’économie russe et d’empêcher toute tentative de modernisation et de diversification de son secteur productif de matières premières.
Le 4 mars, le Financial Times s’est réjoui de ce que « la militarisation » occidentale de l’architecture financière conduirait la Russie à un défaut de paiement sur sa dette publique, et le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a fait une déclaration si virulente qu’il a été forcé de la renier par la suite : « Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe. Nous menons une guerre économique et financière totale contre la Russie, Poutine et son gouvernement, et soyons clairs, le peuple russe en paiera aussi les conséquences. »
Décrivant l’approche à adopter contre la Russie, le Royal United Services Institute (RUSI), le plus ancien cercle de réflexion militaire de la monarchie britannique, a parlé de « faire bouillir la grenouille russe » (reprenant l’image de l’augmentation progressive de la température sans provoquer de réaction). Il appelle à provoquer une « crise des missiles de Cuba sous stéroïdes », pouvant être déclenchée par la tentative de l’armée ukrainienne de reprendre la Crimée, et à imposer des mesures « créatives et nuancées » permettant de confisquer les actifs russes bloqués à l’étranger.
Le général ukrainien Dmytro Martschenko a déclaré que dès qu’on leur aurait livré les armes nécessaires, leur cible n°1 serait le pont de Kertsch, qui relie la Russie continentale à la Crimée, et que les armes seraient utilisées pour reprendre la Crimée.
La livraison par les États-Unis d’armes à longue portée à l’Ukraine, et leur utilisation possible pour frapper le territoire russe, tels que les obusiers à haute mobilité (HIMARS), font des États-Unis, en vertu du droit international, un participant direct à la guerre, ce qui pourrait déclencher instantanément une guerre chaude entre la Russie et les États-Unis, qu’aucun camp ne voudrait perdre. Une escalade vers un échange nucléaire total pourrait alors se produire très rapidement.
Pour en revenir à l’image du conducteur fou de notre train, l’horrible réalité semble être que l’establishment politique de l’Occident joue à ce jeu de « la poule mouillée » thermonucléaire, sans avoir apparemment l’intelligence de penser aux conséquences de cet aventurisme imprudent, qui pourraient être notre anéantissement à tous, y compris eux-mêmes.
Alors qu’il est clair pour les dirigeants d’un grand nombre de pays dans le monde, en Afrique, en Amérique latine et en Asie, que la crise stratégique actuelle n’a pas commencé le 24 février, avec la « guerre d’agression non provoquée de Poutine », la propagande de guerre synchronisée émanant de la quasi-totalité des politiciens, des médias et des groupes de réflexion aux États-Unis et en Europe reflète un état d’esprit profondément haineux contre la Russie et, de plus en plus, contre la Chine, qui n’a rien à voir avec la réalité de ces nations, mais découle de la persistance de la mentalité de guerre froide (prête à risquer la guerre chaude à tout moment), qui semble avoir été cultivée au cours des trois dernières décennies comme « pensée de groupe » dans les institutions du courant dominant. Le désir de « ruiner la Russie », comme l’exprime l’inqualifiable ministre allemande des Affaires étrangères l’écologiste Annalena Baerbock, est un retour à la barbarie dans les relations internationales et reflète un problème profondément ancré dans sa compréhension de la diplomatie, qu’elle devrait représenter en tant que première diplomate du pays.
L’offre d’adhésion de l’Ukraine à l’UE (même en tant que candidat) faite par Olaf Scholz, Emmanuel Macron, Mario Draghi et Klaus Iohannis lors de leur récent déplacement à Kiev, constitue une nouvelle étape dans l’escalade. En réalité, cela équivaut à offrir à l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN. Depuis 2007, le traité de l’UE prévoit un devoir d’assistance militaire, et l’Ukraine pourrait la demander aux États membres de l’UE, dont tous sauf quatre sont aussi membres de l’OTAN. Cela signifie que si un seul pays s’engage militairement dans une guerre, il peut automatiquement évoquer le devoir d’assistance de l’OTAN. Tout cela vient s’ajouter à la livraison d’armes lourdes et à l’entraînement des troupes ukrainiennes, qui, selon l’expert constitutionnel américain Bruce Fein, font des États-Unis, de la Grande-Bretagne et d’autres pays impliqués des cobelligérants, de même que le déploiement de mercenaires étrangers en Ukraine. Pour en rester à l’image du train fou : les roues avant de la locomotive semblent déjà suspendues au-dessus du vide.
Il est évident que la Russie, et d’autres pays, n’ont pas pu ne pas remarquer que les États-Unis et leurs alliés sont allés bien au-delà du simple endiguement de l’Union soviétique propre à la guerre froide, mais que l’Occident parle ouvertement de « ruiner » la Russie, de couper toutes relations « pour toujours », comme si nous ne vivions pas sur le même continent européen.
Cette géométrie ne laisse aucune place à une fin diplomatiquement négociée de la guerre en Ukraine, mais ne prévoit que la victoire de l’Ukraine et la défaite de la Russie. Dans ce scénario, l’anéantissement souhaité de la Russie ouvre la voie à une stratégie d’endiguement de la Chine, que les États-Unis et la Grande-Bretagne considèrent comme le concurrent le plus coriace. La campagne visant à se découpler de la Chine sur le plan économique, accompagnée d’une diabolisation similaire, bat déjà son plein.
Le résultat net de tout cela est non seulement que nous vacillons au bord d’une guerre nucléaire mondiale, mais que nous sommes dans un gigantesque processus d’autodestruction de notre économie, de notre stabilité sociale et des fondements mêmes de notre société.
Cette politique ruinera également les économies américaine et britannique, mais l’effet sur l’Allemagne sera littéralement catastrophique. La tendance à l’hyperinflation et à l’éclatement de la « bulle du tout » était déjà en cours à cause de la création monétaire inconsidérément menée par les banques centrales et des renflouements répétés des banques et des spéculateurs depuis 2008, ce qui constituait déjà un effondrement systémique du système, bien avant le début de la guerre en Ukraine. Mais l’effet des « sanctions tous azimuts » et des capitulations suicidaires de l’Allemagne, comme dans le cas de Northstream 2, ainsi que l’embargo annoncé contre le pétrole et le gaz russes, vont faire grimper à un niveau inabordable les prix du gaz, de l’énergie, de la nourriture et de tous les autres biens essentiels à la vie dans les semaines et les mois à venir, pour de larges pans de la population.
La menace se profile d’un effondrement social total, d’une faillite en masse des PME. Dans de nombreux domaines, les lignes d’approvisionnement sont déjà lourdement perturbées, pour lesquelles la politique anti-Covid19 de la Chine n’a qu’une très faible part de responsabilité, mais les sanctions de la Russie affectent presque tous les domaines : bois de construction en provenance de Russie, assurances pétrolières, engrais, etc. L’effet sur les pays en voie de développement est encore plus dévastateur : selon le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, 1,7 milliard de personnes sont menacées de famine dans la période à venir, l’économie de nombreux pays se désintègre complètement, comme le Liban ou le Pérou, et bien d’autres encore.
Avec l’inflation galopante qui touche déjà des pans entiers de l’industrie et de l’agriculture, dans une Allemagne autrefois riche, aujourd’hui une personne sur six saute un repas par jour à cause de l’augmentation des prix des denrées alimentaires.
A cela s’ajoute que les banques centrales ont commencé à augmenter les taux d’intérêt, à commencer par la Réserve fédérale avec une hausse de 0,75 % dès maintenant et une nouvelle hausse en juillet. Il en résulte le danger imminent d’une série de crises de la dette dans les pays émergents et d’un effondrement en chaîne des entreprises dans le secteur dit avancé. Nous sommes à la veille de l’explosion de tout le système financier transatlantique, et si l’on n’y remédie pas rapidement, nous pourrions être plongés dans un chaos total avant la fin de l’année, ce que reconnaît le président de la Banque mondiale lui-même, David Malpass.
Bien entendu, les sanctions font du tort à la Russie, mais encore plus à l’Occident. Elles seraient presque une bénédiction déguisée, car elles ont accéléré la création d’un système financier et économique entièrement nouveau, impliquant de nombreux principes définis par feu mon mari, Lyndon LaRouche.
Ancrées dans l’initiative chinoise des Nouvelles Routes de la soie Belt and Road, plusieurs organisations sont en train de se dé-dollariser, s’éloignant ainsi d’une monnaie qui n’est plus considérée comme sûre après la saisie par le Trésor américain d’actifs de plusieurs pays Iran, Afghanistan, Russie, etc., le commerce multilatéral opérant désormais en roubles, roupies, renminbi et autres monnaies nationales.
Pour la Russie, cela a entraîné un réorientation pro-asiatique dans la structure géographique de ses relations économiques extérieures, qui compense presque entièrement la réduction des échanges avec l’UE. Une conférence du Forum économique eurasien (FEE) s’est tenue à Bichkek, au cours de laquelle il a été question, entre autres, d’introduire un rouble digital pour les paiements transfrontaliers, en contournant un système bancaire soumis aux sanctions, et d’investissements conséquents dans la recherche et le développement afin de créer des capacités indépendantes dans tous les domaines.
Les pays des BRICS tiendront leur sommet dans quelques jours, le 24 juin, en Chine, où elles discuteront de l’inclusion de nouveaux membres. Selon le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, le G8 émergent, composé de la Russie, de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie, du Brésil, du Mexique, de l’Iran et de la Turquie, a déjà dépassé le G7 en termes de PIB.
D’autres organisations et nations travaillent à l’élaboration d’un nouveau type d’ordre mondial : l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE ou ASEAN en anglais) et de nombreuses nations du Sud. Tous ces pays aspirent à une réduction commune de la pauvreté, à un développement réel de leur économie physique, à la souveraineté nationale, au droit de choisir leur propre modèle de développement social et économique et à une coopération dans leur intérêt mutuel. Tout cela, ils l’ont trouvé essentiellement dans la coopération avec la Chine et la Russie, ce qui explique pourquoi beaucoup d’entre eux n’ont pas cédé aux pressions pour les pousser à condamner la Russie pour son action en Ukraine.
Les « démocraties » se limitent donc en réalité aux États-Unis, à la Grande-Bretagne, à l’UE, qui est toutefois divisée, au Japon, à l’Australie et à la Corée du Sud. Ainsi, le sommet annuel de l’OTAN qui se réunira à Madrid à la fin du mois pour présenter un plan pour une « OTAN globale » et une nouvelle doctrine de sécurité, sans véritable plan de développement économique, ne répondra aucunement aux besoins réels d’un monde confronté à la famine, aux pandémies et au chaos économique. Bien qu’occupant une position majeure, ce sera un colosse aux pieds d’argile.
En 1971, mon défunt mari, Lyndon LaRouche, a fait ce qui est sans doute l’une des analyses les plus pertinentes jamais élaborée dans l’histoire. Lorsque le président Nixon a abandonné le système de Bretton Woods en suspendant la convertibilité du dollar en or et en remplaçant les taux de change fixes par des taux flottants, LaRouche a prédit, il y a un demi-siècle, que la poursuite de cette politique conduirait inévitablement à une nouvelle dépression, un nouveau fascisme et une nouvelle guerre mondiale, à moins d’établir un système complètement différent.
Et c’est exactement là que nous en sommes aujourd’hui. Il avait également présenté depuis longtemps le remède, basé sur quatre points fondamentaux. A moins que le système transatlantique ne prenne le chemin de l’hyperinflation de l’Allemagne de Weimar en 1923 ou ne soit soufflé par une explosion soudaine, une séparation bancaire mondiale du type Glass Steagall s’impose, exactement comme Roosevelt l’avait mise en place en 1933. Cela signifie que les banques commerciales doivent être soumises à une procédure de mise en faillite ordonnée. Une fois purgées de leurs actifs toxiques, comme les produits dérivés, les banques utiles à l’économie doivent être placées sous la protection des Etats. Les autres banques et institutions financières devront mettre de l’ordre dans leurs comptes, sans pouvoir bénéficier en aucune façon de programmes de renflouement, et si elles ne peuvent pas vivre sans l’argent des contribuables, elles devront fermer boutique.
Ensuite, chaque pays doit créer sa propre banque nationale, dans la tradition d’Alexander Hamilton, comme cela a été fait avec succès par FDR avec la Reconstruction Finance Corporation (RFC) et avec la Kreditanstalt für Wiederaufbau [KfW, banque publique pour la reconstruction] en Allemagne, qui s’en est inspirée et qui fut le principal moteur du miracle économique allemand de l’après-guerre.
De cette façon, la capacité d’émission de crédit et d’argent pour des investissements dans des projets d’intérêt général est rendu aux gouvernements souverains, au lieu d’être le bazooka des banquiers privés.
Troisièmement, des accords de coopération multilatérale à long terme doivent être mis en place entre ces banques nationales pour investir dans des projets d’infrastructure internationaux : corridors de transport, parcs industriels, agriculture, gestion de l’eau, production et distribution d’énergie, système de santé moderne dans chaque pays, éducation, etc. Ces accords de crédits à long terme et à faible taux d’intérêt représentent déjà un nouveau système de crédit, dans lequel il faudra ajuster périodiquement les valeurs de change des monnaies nationales, limiter la convertibilité, contrôler les changes et les capitaux et interdire la création de marchés pour la spéculation monétaire.
Enfin, quatrièmement, lancer un programme international à marche forcée pour arriver à l’exploitation commerciale de la technologie de fusion nucléaire, ce qui donnera à l’humanité la sécurité en matière d’énergie et de matières premières, éliminant ainsi ce qui fut une cause majeure de guerres dans le passé. Avec la coopération spatiale et les investissements conséquents dans la R&D de base des sciences de la vie, cela créera pour l’économie mondiale la prochaine plateforme économique, avec une productivité plus élevée qui compensera les pertes de productivité dues aux politiques monétaristes et écologiques dévoyées du modèle néolibéral.
Maintenant, pourquoi ai-je choisi de donner à ma présentation le titre de « Mission impossible » ?
Parce que littéralement toute l’existence de l’humanité dépend de la capacité de convaincre les États-Unis et les nations européennes d’arrêter la politique insensée, coûteuse et autodestructrice d’affrontement avec la Russie et la Chine, d’opter pour un cessez-le-feu immédiat et une solution diplomatique en Ukraine et d’entamer un processus de reconstruction de l’économie mondiale.
L’issue pour sortir du danger de guerre et de l’effondrement financier est une nouvelle architecture de sécurité et de développement, qui prenne en compte les intérêts de tous les pays de la planète. Ceux de la Russie, de la Chine, des États-Unis, des nations européennes et, surtout, ceux des pays en développement.
Compte tenu des politiques actuelles des « démocraties », cela paraît impossible mais ce n’est pas le cas. Dans les semaines et les mois à venir, l’échec complet du modèle néolibéral deviendra si évident pour tout le monde que la perspective de « se geler pour la liberté », comme le suggère le ministre allemand de l’Economie Habeck, qui veut réglementer la température qu’il doit faire dans les appartements, ni celle de « mourir de faim pour la démocratie » n’auront plus beaucoup d’attrait.
Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’un mouvement de citoyens éclairés dans chaque pays, de gens ordinaires de tous horizons, qui deviennent des leaders en voyant que leur pays a été abusé par un establishment politique qui ne se soucie pas d’eux, qui ne pense qu’à protéger ses positions et ses privilèges, et dont les politiques ont créé une classe de milliardaires et de millionnaires, tout en laissant une majorité de gens qui voient leurs économies dévorées par l’hyperinflation.
Dans chaque nation, nous avons besoin d’un mouvement de citoyens qui aient le courage d’agir pour corriger ce qu’ils savent être erroné, à commencer par cette insupportable soumission à la dictature de l’opinion, qui impose de répéter le récit officiel de l’OTAN et accuse quiconque tente de faire la lumière sur les raisons de cette crise, d’être un agent de Poutine ou du Parti communiste chinois. Pourquoi ne pas inviter dans notre débat public des commentateurs de Russie, de Chine, d’Inde, du Mexique, d’Afghanistan, du Ghana, de Syrie ou du Pakistan, au lieu de cette éternelle clique d’experts synchronisés, qui essaient de nous faire croire que la Terre est plate et que la neige est noire ? Oui, au nom de la merveilleuse démocratie et des droits de l’homme, discutons du cas de Julian Assange et du « crime » qu’il a commis !
Rejetons ce qui est pourri dans notre culture, la perversion et la banalité de l’industrie du divertissement, conçue pour nous rendre stupides et passifs. Pour mener à bien cette « mission impossible », faisons revivre la meilleure tradition culturelle de chaque pays d’Europe et des États-Unis. Que les Allemands redeviennent « un peuple de poètes et de philosophes », les Italiens, ces grands artistes de la Renaissance, les Français, les scientifiques de l’École polytechnique, et que les Américains fassent enfin de leur pays un « temple de la liberté et un phare d’espoir ».
Ce n’est que si nous sommes prêts à nous transformer nous-mêmes, à devenir des êtres humains meilleurs qui ne déambulent pas comme des hommes-bêtes, ou des femmes-bêtes, cherchant à « ruiner » les autres pays, mais qui veulent qu’ils se développent du mieux possible, qu’ils s’épanouissent et que tous les talents de leurs habitants se déploient, nous aurons un bel avenir devant nous.
Et alors nous aurons le courage de nous lever, de tirer le signal d’alarme de ce terrible train dans lequel nous sommes embarqués, et d’arrêter la course vers l’Armageddon !