« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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A Palmyre la musique triomphe de la barbarie

20 mai 2016

Après des mois de combats acharnés, la ville de Palmyre, conquise par Daech en mai 2015, a été reprise le 27 mars par l’armée syrienne, avec l’appui de l’aviation russe guidée au sol par de jeunes officiers des forces spéciales.

Une ville dévastée

La cité antique de Palmyre, classée au Patrimoine mondial de l’humanité, a subi des dommages irréversibles sous l’emprise des extrémistes pseudo-islamistes : ils ont détruit à l’explosif des monuments antiques tels que l’illustre temple de Bêl ou celui de Baalshamin, ainsi que l’arc de triomphe et le musée, tout en vendant au marché noir les antiquités pillées sur place.

Parmi les nombreuses victimes du terrorisme, Khaled Asaad, l’un des fondateurs de l’archéologie syrienne et chef du département des antiquités de Palmyre. Après avoir été torturé, il a été décapité pour avoir refusé d’indiquer où se trouvaient les trésors de la cité. Sa dépouille a ensuite été accrochée à un mât, devant un des bâtiments à la restauration desquels il avait consacré l’essentiel de sa vie. Autre victime, Alexandre Prokhorenko, ce jeune officier russe tué à la mi-mars, après avoir appelé l’aviation russe à bombarder sa propre position, alors qu’il était encerclé par les djihadistes lors de la bataille de Palmyre.

Pour laver la ville des horreurs

Pour laver la ville de la laideur de cette barbarie, la Syrie et la Russie ont eu le génie et la grandeur d’âme d’y faire venir de Saint-Pétersbourg le célèbre chef d’orchestre russe Valeri Guerguiev pour diriger le 5 mai dans l’amphithéâtre en ruines, un concert intitulé « Prière pour Palmyre, la musique redonne vie aux murs anciens », avec la participation de l’orchestre du théâtre de Mariinski et les solistes Pavel Milyukov au violon et Sergueï Roldougine au violoncelle.

Au programme, la Chaconne de Jean-Sébastien Bach, la Première Symphonie de Sergueï Prokofiev, composée, comme le rappela Guerguiev, « en hommage aux grands maîtres du passé : Mozart, Haydn, Beethoven », dont l’œuvre exprime « l’optimisme et l’espoir », et pour conclure un extrait de l’opéra Pas seulement pour l’amour, du compositeur russe moderne Rodion Chtchedrine, veuf de la prima ballerina russe Maïa Plissetskaïa.

Ce concert, organisé dans des conditions logistiques et sécuritaires extrêmement dangereuses, représente une opération de flanc du président russe. Dans son message transmis à Palmyre par vidéoconférence, Poutine a remercié tous ceux qui l’avaient rendu possible, en « hommage à toutes les victimes du terrorisme, où que ce soit et à quelque moment que ce soit », et aussi en témoignage « d’espoir non seulement pour la renaissance de Palmyre en tant que bien culturel de l’humanité entière, mais aussi pour libérer la civilisation moderne de ce terrible mal du terrorisme international. »

Faisant référence aux exécutions publiques de masse perpétrées dans l’amphithéâtre par l’État islamique, en novembre dernier, Valeri Guerguiev, qui est proche de Poutine, a déclaré en ouvrant le concert, en russe et en anglais :

Nous protestons contre les barbares qui ont détruit ces magnifiques monuments de la culture mondiale. Nous protestons contre l’exécution de gens ici même, sur cette scène

Ce concert démontre une fois de plus que la musique classique n’est pas un luxe réservée à une élite. Il restera dans l’histoire comme le symbole d’une victoire de la civilisation contre la barbarie.

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