« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller
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4ème partie : l’Ouverture d’Egmont
17 novembre 2020
une note de Fred Haight
Vers la fin du 18ème siècle, la cause de la liberté, dans toutes ses dimensions, était au cœur des débats politiques. C’est dans ce contexte que les poètes Goethe et Schiller collaborèrent pour raconter l’histoire du combat de la Suisse pour la liberté. Dans sa pièce Wilhelm Tell, Schiller a présenté à le fameux « Serment de Rutli » (acte fondateur de la Confédération helvétique prononcé en 1291), d’une manière qui fait écho à la Déclaration d’indépendance des États-Unis, rédigée près de 500 ans plus tard :
Non, il y a une limite à la tyrannie. Lorsque l’opprimé ne peut plus trouver justice nulle part, lorsque le fardeau devient insupportable, il élève, le coeur confiant, ses mains vers le ciel et il en fait descendre ses droits éternels qui sont suspendus là-haut, inaliénables et indestructibles comme les étoiles elles-mêmes.
Que la pièce ait été mise en scène par Goethe, en 1804, l’année même où Napoléon se couronnait empereur, ne relève pas du hasard.
Goethe et Schiller ont également écrit sur le combat mené à cet époque par les Pays-Bas pour gagner leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne : Schiller dans son Don Carlos et son Histoire de la révolte des Pays-Bas ; Goethe, dans sa pièce Egmont.
La brutalité et l’extrême cruauté exercées par l’Inquisition espagnole aux Pays-Bas a été représenté de manière particulièrement forte par le grand peintre Pieter Brueghel en 1562 dans son tableau Le triomphe de la mort. (Peinture ci-dessous).
L’histoire mise en scène est celle du comte Egmont, un noble néerlandais - gouverneur de la Flandre et de l’Artois, membre du conseil d’état des Pays-Bas - acquis à la cause de son peuple bien que fidèle au roi Philippe d’Espagne. Son pair, le bien plus avisé Guillaume le Taciturne, s’est enfui de Bruxelles et l’a averti d’une trahison potentielle de la part du traître et despotique duc d’Albe d’Espagne, représentant l’envahisseur espagnol et ennemi juré d’Egmont. Ce dernier accepte stupidement une invitation à dîner pour discuter de ses griefs avec Albe. Il est arrêté lors de ce dîner et est bientôt exécuté, avec un millier d’autres personnes, en 1568.
Toutefois, bien que le duc d’Albe ait « gagné » sur le court terme en s’appuyant sur un règne de terreur, cela se retourne finalement contre lui, l’exécution d’Egmont contribuant à déclencher le soulèvement populaire des Pays-Bas contre le roi d’Espagne.
Parfois, un long train d’usurpations et d’abus, conduit les gens à penser qu’ils n’ont aucun recours, sauf à se débarrasser d’un tel gouvernement.
Dans son Ouverture d’Egmont d’après la pièce de Goethe, Beethoven condense le long processus historique en un moment de changement optimiste. Dans l’atmosphère dramatique composée par Beethoven, des lueurs d’espoir alternent avec les moments les plus sombre menant à la représentation des exécutions publiques, (6:42), et l’exécution d’Egmont (7:02). Après un moment de tristesse et de réflexion, quelque chose commence progressivement à émerger du silence. La magnifique fin de Beethoven met en scène l’esprit du peuple qui s’élève contre la tyrannie.