« la plus parfaite de toutes les oeuvres d’art est l’édification d’une vraie liberté politique » Friedrich Schiller

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#2 - Beethoven et le sentiment de l’héroïque

1ère partie - La symphonie héroïque

14 novembre 2020

Beethoven a vécu à une époque de grand espoir et d’optimisme. Le monde changeait, et l’avenir s’annonçait prometteur.

Le poète Friedrich Schiller, l’a exprimé dans la ballade « Les artistes » :

Ô homme ! que tu es beau, ta palme de victoire à la main, debout sur la pente du siècle, dans ta noble et fière virilité, le sens ouvert, l’esprit fécond, plein d’une douce gravité, dans un calme actif, fils du temps et son fruit le plus mûr (...)

Schiller a également dit à ses collègues artistes qu’un rôle « d’éclaireur » leur était dédié :

La dignité de l’homme est remise entre vos mains : gardez-là !
Elle tombe avec vous ! avec vous elle s’élèvera !

Pour Beethoven, ces vers constituaient son « ordre de mission » en tant qu’artiste. Dans cette symphonie, Beethoven inaugure une nouvelle façon de composer. Il aurait dit à l’un de ses amis (Krumpholz) : « Je ne suis pas satisfait des ouvrages que j’ai écrits jusqu’à présent ; je veux suivre désormais une voie nouvelle ».

Cette voie nouvelle était, à tout le moins, particulièrement en résonance avec l’esprit révolutionnaire de l’époque. Dans son admiration pour le succès de la Révolution américaine et les idéaux de la Révolution française, Beethoven a dédié sa troisième symphonie, « L’Héroïque », à Napoléon Bonaparte, à un moment où il semblait pouvoir réellement libérer l’humanité. Lorsque Napoléon se couronna empereur en 1804, Beethoven arracha le titre et dit : « Maintenant, il va fouler aux pieds tous les droits humains et n’obéir qu’à son ambition ! Il va s’élever plus haut que les autres, devenir un tyran ! ». Beethoven changea alors la dédicace qu’il écrivit « à La mémoire d’un grand homme ».

Vous pouvez entendre cette qualité héroïque et inspiratrice dans le premier mouvement : la section centrale du mouvement, très tourmentée (section du développement), est le plus long jamais écrit jusqu’alors.

Dans cet enregistrement, il dure 6 minutes complètes de 3:12 à 9:12. La Coda, ou fin, est également magnifique. Si le thème principal nous rappelle un héros à cheval, la dernière minute et demie ressemble plus à Pégase, le cheval ailé !

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