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Pacte fiscal : « La pire idée depuis Brüning »

1er février 2012

Dans une déclaration rédigée le 28 janvier, la présidente internationale de l’Institut Schiller, Helga Zepp-LaRouche, a fustigé le nouveau « pacte fiscal » de l’Union européenne, y voyant « la pire idée depuis Brüning », le chancelier de l’Allemagne de Weimar en 1930-1932 dont la politique ouvrit la voie à Hitler : « La combinaison du pacte fiscal, des contraintes à l’endettement et des sanctions mènera à une contraction sévère de l’économie réelle des pays membres, à la chute brutale du niveau de vie des gens et au chaos social. Bref, son échec est garanti. »

En tout cas, écrit Zepp-LaRouche, « ceux qui fixent l’agenda de l’UE semblent apprécier l’humour noir puisqu’ils ont choisi le 30 janvier, anniversaire du jour de la prise de pouvoir par Hitler, comme dernier délai pour la signature du nouveau pacte fiscal, avec sa « règle d’or » et ses sanctions automatiques contre les gouvernements qui ne respectent pas les limites budgétaires imposées ».

L’ancien ministre italien de l’Economie Giulio Tremonti a qualifié le pacte de « déclaration de guerre contre l’Italie », et Zepp-LaRouche ajoute qu’il s’agit d’une guerre contre tous les pays membres de la zone euro et de l’UE.

Effectivement, dans un document confidentiel du gouvernement allemand, publié dans le Financial Times du 28 janvier, on propose que la Grèce cède complètement sa souveraineté en matière fiscale et de dépenses à un « commissaire du budget » de l’Eurozone, en échange d’une deuxième tranche du plan de sauvetage.

C’est à se demander si la chancellerie de Berlin cherche consciemment à faire capoter la situation. La dette grecque s’échange déjà à seulement un tiers de sa valeur nominale, au point où les coûts d’une sortie de l’euro pour la Grèce sont comparables à ceux de son maintien.

En même temps, le gouvernement Merkel a réactivé le fonds de renflouement allemand, dénommé SoFFin II, fort d’un volume de crédit de 480 milliards d’euros, de toute évidence en vue d’une cessation de paiement grecque qui frapperait les banques allemandes. C’est jouer avec le feu. Même si le SoFFin réussissait à limiter les dégâts pour le système bancaire allemand, la garantie de 480 milliards serait à la charge des contribuables.

Tout indique que les commissaires de l’UE, tout comme les dirigeants nationaux, se préparent à une dictature politique pour faire face à l’inévitable explosion sociale. Un avant-goût nous vient de l’Italie où « la révolte des fourches » s’est étendue de Sicile jusqu’à la péninsule, une grève des camionneurs, pêcheurs et agriculteurs ayant failli paralyser le pays la semaine dernière. Le gouvernement technocrate de Mario Monti a eu pour toute réponse de traiter les protestataires de mafiosi et de terroristes, et de menacer de recourir à la force si la grève se poursuivait.

Dans le cadre du nouveau « pacte fiscal », prôné par le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi, une dictature politique supranationale en viendrait à institutionnaliser un tel système de répression. Le pacte « soustrait à la souveraineté nationale une partie de la discrétion sur la politique fiscale », a-t-il dit à Davos, admettant qu’il s’agit d’« un premier pas vers une union fiscale ».

Ainsi, constate Helga Zepp-LaRouche, « nous avons le pire de tous les mondes possibles. D’un côté, le monde est étranglé par l’austérité du pacte fiscal et de la règle d’or, sans perspective de croissance économique et d’investissement dans un programme de développement, ce qui jette toute l’Europe dans une dépression, et de l’autre, on met à la disposition des banques des liquidités quasi illimitées. Des relents de Weimar 1923, n’est-ce pas ? »

Mme Zepp-LaRouche dénonce ensuite non seulement le « système oligarchique » qui domine en Europe, mais aussi l’attitude servile des citoyens qui « idolâtrent à leur tour le monétarisme ». C’est cela qui explique leur indifférence à l’égard de catastrophe humaine comme la famine qui menace actuellement plus de dix millions de personnes au Sahel.

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