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Le tonneau de poudre de la présidentielle américaine

20 décembre 2017

Oui, il y a eu ingérence dans la campagne présidentielle américaine ; celle du FBI et du renseignement britannique.

Si aucune preuve n’a été produite d’une supposée ingérence russe dans les élections américaines de 2016 (l’affaire « Russiagate »), par contre les enquêtes en cours mettent en lumière les nombreuses tentatives du FBI et du ministère de la Justice (Department of Justice - DOJ) de miner la présidence Trump.

C’est la riposte montée par certains membres du Congrès qui a permis de braquer les projecteurs sur une conjuration anti-Trump lancée bien avant les élections – dès les premières victoires de Trump sur ses 16 adversaires dans les primaires républicaines. Les Commissions sur le renseignement du Sénat et du Congrès découvrent un véritable scandale, confirmant les accusations du Président selon lesquelles le gouvernement parallèle (« deep state ») est activement engagé dans une entreprise de déstabilisation contre lui.

Le 12 décembre, le DOJ a rendu public un échange de 375 textos entre Peter Strzok (numéro deux du contre-espionnage au sein du FBI) et sa maîtresse Lisa Page (avocate du FBI), d’où il ressort sans ambiguïté que le couple était pleinement mobilisé pour empêcher l’élection de Trump. Le plus explicite de ces textos fait référence à une réunion d’août 2016 en présence de Strzok et de Page, sans doute dans les bureaux du directeur adjoint du FBI Andrew McCabe (« Andy »). Le 15 août, Strzok écrivait à Page : « Même si j’aimerais croire aux remarques que tu as lancées dans le bureau d’Andy [McCabe], selon lesquelles il est impossible qu’il [Trump] soit élu, je crains que nous ne puissions pas prendre ce risque. C’est comme prendre une police d’assurance pour le cas improbable où tu mourrais avant l’âge de 40 ans. »

Si l’on ignore quelle stratégie a été discutée pour torpiller la campagne de Trump, les histoires de collusion russe en faveur de Trump et du piratage par la Russie des courriels du Parti démocrate en faisaient sans doute partie. Comme le sénateur Chuck Grassley le fait remarquer dans une lettre au ministre adjoint de la Justice Rod Rosenstein, ces SMS révèlent une politisation manifeste du FBI et une forte propension à mener des chasses aux sorcières.

Rappelons que Strzok est aussi le responsable du FBI qui a modifié la qualification officielle qu’avait donné son directeur James Comey de l’utilisation par Hillary Clinton (alors secrétaire d’Etat) de son compte-courriel personnel. Alors que Comey l’avait défini comme « négligence caractérisée » (ce qui, aux Etats-Unis, est passible d’une poursuite pénale), Strzok l’avait rétrogradé en parlant de « grande imprudence », non passible de poursuites. Bien d’autres textos des échanges entre Strzok et Page montrent leur hostilité particulièrement virulente à l’égard de Donald Trump mais ne se limitant pas à celui-ci puisque Bernie Sanders a constitué également une de leurs cibles favorites, ce qui amène à se demander quelle influence ces menées ont pu avoir sur a primaire démocrate.

En outre, le 13 décembre, lors d’une audition de la Commission judiciaire du Congrès, le député Matt Gaetz a demandé au numéro deux du DOJ Rod Rosenstein pourquoi son propre adjoint Bruce Ohr avait reçu en personne Glenn Simpson, le cofondateur de Fusion GPS. Le Parti démocrate avait embauché cette entreprise pendant la campagne présidentielle en vue de trouver des éléments susceptibles de discréditer Trump. A cette fin, Fusion GPS avait recruté un « ancien » de MI6, Christopher Steele, auteur du « fameux » dossier fuité par la suite au public. L’avant-veille, le 11 décembre, on avait appris que l’épouse de Bruce Ohr, Nellie Ohr, avait travaillé pour Fusion GPS pendant l’été et l’automne 2016 ! Vous avez dit « conflit d’intérêt » ?

Ces éléments sont suffisamment nombreux pour inquiéter Mark Penn, spécialiste des sondages et collaborateur de longue date du couple Clinton. Dans le journal The Hill du 14 décembre, il notait les résultats des derniers sondages : 63 % des électeurs croient que le FBI refuse d’informer le Congrès sur les enquêtes concernant Clinton et Trump, 54 % sont persuadés que Robert Mueller traîne des « conflits d’intérêt qui l’empêchent de faire un travail impartial », et 61 % sont favorables à une enquête sur « le financement de l’indécent dossier de GPS Fusion ». La méfiance vis-à-vis de Robert Mueller, du FBI et du DOJ est si grande que Penn appelle à un nettoyage général. « Si on regarde les chiffres des sondages et le flux de révélations, il n’est plus possible de continuer ainsi. On risque d’aller d’une crise de confiance à une crise constitutionnelle totale, faute d’y remédier. »

Le Wall Street Journal a exprimé de son côté ses préoccupations dans un éditorial du 13 décembre, faisant état de la corruption au sein de l’équipe de Mueller. Les preuves s’accumulent, indiquant que « certains responsables du FBI, qui ont travaillé pour lui, ont pu s’immiscer dans la campagne présidentielle américaine ».

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