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Glencore : une allumette près du baril de poudre

7 octobre 2015

Depuis fin 2014, les 22 matières premières incluses dans l’indice de Bloomberg ont reculé presque sans interruption d’une valeur d’indice de 120 à 85 aujourd’hui. Tous les départements de recherche des institutions de Wall Street estiment que le déclin devrait se poursuivre. La forte baisse des prix des matières premières a créé de grandes difficultés pour la société Glencore, le numéro un mondial du négoce de matières premières. Les répercussions se font durement ressentir au Crédit suisse, le géant bancaire qui a signalé le 2 octobre que les marchés arrivent à un niveau de panique proche de ceux de 2007 et de 2012.

Glencore, basée à Zurich, est aussi la société de matières premières la plus endettée par effet de levier. Son bilan affiche 30 milliards de dollars de dettes, en plus de 19 milliards de dollars de valeurs exposées au risque (VAR) dans des contrats sur dérivés (d’un montant nominal d’environ 2000 milliards de dollars), sans compter les produits dérivés hors cote et hors bilan. Elle frôle donc l’insolvabilité. Si sa note est abaissée, les pertes sur ces dérivés se répercuteront sur toutes les contreparties, comme ce fut le cas avec la société AIG, qui dut être renflouée par le gouvernement américain à raison de 180 milliards de dollars.

Un défaut de paiements de Glencore frapperait immédiatement sa principale banque, le Crédit suisse, une banque « systémique » dont le bilan surpasse l’ensemble de l’économie suisse. En 2012, Glencore avait racheté la société minière Xstrata en s’endettant de 30 milliards de dollars.

Le géant bancaire suisse se livre aussi lui-même à la spéculation sur matières premières. Fin juin, ses actifs dans les matières premières et l’immobilier s’élevaient à 48,5 milliards d’euros. Ces actifs subissent la pression de la chute des prix de matières premières et de l’appréciation du dollar contre le franc suisse. Le Crédit suisse est « lui-même un petit Glencore », écrivait le site économique suisse Inside Paradeplatz. Au lieu de réduire son exposition dans ces domaines, la banque l’a augmentée.

Ceci vient à la suite d’un vote au Parlement suisse en faveur d’un Glass-Steagall. Le texte en question note que l’insolvabilité d’une des deux banques suisses « too big to fail » pourrait « occasionner des ravages sur le plan économique ».

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